Édito - Rester optimistes malgré la conjoncture
MERCREDI 05 JANVIER 2022 Soyez le premier à réagirPuisque c’est la période des vœux, nous souhaitons à la communauté radiologique de passer outre la pénurie de médecins et de manipulateurs, de faire face, avec les moyens du bord à l’afflux d’examens auxquels elle va être confrontée sous le coup notamment du sursaut de la pandémie de COVID, et à chacun de ses membres de continuer à améliorer ses compétences. L’année qui commence semble bien sombre mais ces problèmes sont conjoncturels et devraient s’atténuer dans un avenir proche.
Alors qu’une nouvelle année commence et qu’il est de bon ton de prendre de bonnes résolutions, le secteur de l’imagerie médicale s’apprête à vivre une nouvelle période où rien ne va évoluer, du moins dans le bon sens.
De nouvelles autorisations de matériels pour faire face aux besoins
Tous les indicateurs semblent en effet nous engager vers une aggravation de la pénurie de professionnels compétents pour faire vivre le système. Les besoins des populations en explorations radiologiques n’ont jamais été aussi importants, en quantité et en qualité, l’augmentation des maladies chroniques et la montée des générations dites du « Grand âge » étant en partie responsables de cette inflation. Le Ministère a, certes, fait en sorte que de nouvelles autorisations de matériels médicaux lourds comme les modalités d’imagerie en coupe se débloquent en plus grand nombre et a fait évoluer la législation pour que ces autorisations deviennent bientôt moins contraignantes pour les titulaires de ces installations.
Un problème récurrent de recrutement des étudiants MERM dans les instituts
Dès lors, on pourrait penser que les listes d’attente de patients candidats à un examen, d’IRM en particulier, vont bientôt être réduites en peaux de chagrin. Sauf que ces machines ne peuvent pas fonctionner car nous sommes confrontés, depuis quelques années, à une pénurie de Manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM) qui ne cesse de s’aggraver. Et la nouvelle année ne nous fait rien espérer de bon sur ce champ. Les causes de ce problème sont connues : étudiants entrant en formation via un processus Parcoursup qui ne garantit pas la qualité ni la motivation de ces derniers ; taux d’abandons ou d’échecs record durant le cursus résultant directement de ce mode de recrutement ; de jeunes diplômés qui, auréolés d’une licence (LMD), décident de poursuivre leur cursus de formation à l’Université et qui, de fait, ne se présentent pas sur le marché du travail.
Des compétences pas toujours à la hauteur des évolutions scientifiques et technologiques
Si l’on ajoute à ce phénomène les départs en retraite, la conjoncture n’invite pas à l’optimisme. D’autant que les gestionnaires de ressources humaines des hôpitaux ou centres d’imagerie rechignent à libérer les MERM pour qu’ils suivent des cursus de formation continue, au risque de les voir manquer de compétences pour l’utilisation de modalités toujours plus pointues ou pour maîtriser des pratiques que les avancées scientifiques rendent plus complexes. Une minorité d’entre eux arrive tout de même à faire évoluer leur carrière, à travers des Diplômes Inter-Universitaires (DIU) en échographie ou en interventionnel notamment. Mais ont-ils, tous, le loisir de mettre en pratiques leurs nouvelles compétences, étant donnés les besoins urgents de prise en charge radiologique classique ?
Un sursaut de la pandémie qui ajoute de l’incertitude au contexte
Sur le plan médical, le tableau est tout aussi sombre. Une génération de radiologues fait valoir ses droits à la retraite et la relève n’a pas toujours l’envie de prendre la place, car ils sont plus pointilleux sur les conditions de vie et de travail, l’environnement géographique ou les installations sur lesquelles ils sont appelés à exercer. La réforme du 3ème cycle des études de radiologie, qui propose aux internes de faire deux ans de plus en radiologie interventionnelle ne risque-t-elle pas, elle aussi, d’aggraver la situation ? Sans compter que la pandémie de COVID-19 n’a pas encore rendu les armes, renforçant encore l’incertitude sur les effectifs, tant médicaux que paramédicaux, qui pourront être mis à disposition des patients pour leur prise en charge.
Des raisons d’espérer un renouveau prochain
Cette année qui commence pourrait donc, pour toutes ces raisons, s’avérer pour le moins singulière. Les volumes d’examens, notamment les scanners thoraciques, vont bientôt exploser sous le joug du variant Omicron, renforçant encore l’impression de pénurie de professionnels. Cela devrait amplifier la concurrence que se livrent les établissements et les centres d’imagerie, à coups de primes à l’installation pour les médecins et de salaires mirobolants pour les MERM.
Mais ne tombons pas dans un alarmisme malsain comme savent le faire les chaînes d’information. La situation est tendue, mais pas catastrophique, les problèmes sont conjoncturels et la communauté radiologique est assez forte pour traverser cette période exceptionnelle. Souhaitons que cette année soit celle qui amorcera le renouveau – nous doutons d’ailleurs que l’élection présidentielle ait une quelconque influence sur celui-ci – et le retour à l’équilibre. On aura bien le temps, à postériori, de traiter les dossiers sur le fond…
Bruno Benque