Manipuler la p53 pour optimiser la radiothérapie
JEUDI 11 FéVRIER 2021 Soyez le premier à réagirLe mode de fonctionnement de la protéine p53 dans les processus cellulaires soumis aux irradiations a fait l’objet d’une étude à la Harvard Medical School. Il en résulte qu’en la manipulant et en la combinant au MDM2 elle est active plus longtemps, ce qui pourrait rendre la radiothérapie plus efficiente.
Certains tissus sont plus vulnérables aux dommages causés par l'exposition aux rayonnements ionisants, ce qui peut causer des ravages sur des organes tels les yeux, les gonades ou la peau.
Une étude pour explorer le mode de fonctionnement de la protéine p53
La science a montré que ces différences mettent en jeu la protéine p53, qui est à la base du processus d’autodestruction d’une cellule. Pourtant, les niveaux de cette protéine sentinelle sont souvent similaires dans des tissus aux sensibilités très différentes aux radiations. Une nouvelle étude menée par des chercheurs du Blavatnik Institute de la Harvard Medical School (HMS), du Massachusetts General Hospital et du Novartis Institute for BioMedical Research publiée dans Nature Communication décrit comment la survie cellulaire après exposition aux rayonnements ionisants dépend du comportement de la p53 au fil du temps.
Dans les tissus vulnérables, les niveaux de p53 augmentent et restent élevés, entraînant la mort cellulaire. Dans les tissus moins fragiles, les niveaux de p53 oscillent fortement. Au cours de cette étude, les chercheurs ont découvert que certains types de tumeurs chez les souris étaient plus vulnérables aux radiations après avoir reçu un médicament qui empêche les niveaux de p53 d’osciller. Ils ont examiné des tissus de souris qui ont des sensibilités très différentes aux rayonnements ionisants mais qui sont connus pour exprimer des niveaux comparables de p53 - la rate et le thymus, qui sont très vulnérables, et les intestins, qui sont plus radiorésistants.
Manipuler la protéine pour la rendre active plus longtemps
Après exposition aux radiations, les quatre tissus ont exprimé une p53 élevée ainsi que d'autres marqueurs de dommages cellulaires. Mais des analyses d'imagerie quantitative ont révélé que la p53 dans les intestins a atteint un pic puis a décliné quelques heures après l'irradiation, alors qu’elle est restée élevée dans la rate et le thymus. Les chercheurs ont sondé les effets du comportement de la p53, en inhibant la MDM2, une protéine qui dégrade la p53 et ont exploré les effets de la manipulation de la dynamique de la p53 sur la vulnérabilité d’une tumeur lors d’une séance de radiothérapie. En irradiant les cellules cancéreuses on les force à activer la p53. Si on ajoute un inhibiteur MDM2, la p53 reste active plus longtemps.
Ces résultats montrent l'importance de la compréhension de la dynamique de la p53 et de sa manipulation pour traiter le cancer. Mais bien que les chercheurs aient identifié des différences dans la dynamique de la p53 dans différents tissus après une exposition aux rayonnements, les processus biologiques qui les engendrent restent une question encore inexplorée. D’autres travaux devraient suivre désormais pour en savoir plus.
Paolo Royan