Les acteurs de la radiologie interventionnelle dans le viseur des tutelles
LUNDI 12 MAI 2014
Les professionnels de la santé impliqués dans la pratique de la radiologie interventionnelle font preuve d'un manque de culture dans le management des risques ionisants. C'est ce qui ressort d'un lettre envoyée aux chefs d'établissements par l'ASN, qui émet des recommandations afin de limiter les événements indésirables dans ce secteur. L'Autorité s'attache également à maîtriser l'irradiation dans les zones attenantes en communiquant aux organismes de contrôle une méthodologie élaborée par l'IRSN.

La radiologie interventionnelle est résolument la pratique sur laquelle les institutions en charge de la prévention des risques ionisants apportent le plus d'attention ces dernières semaines. Après la Haute Autotité de Santé (HAS), qui, comme nous vous l'annoncions dans un article précédent, l'a intégré dans les pratiques à haut risque du manuel de certification des établissements de santé, c'est au tour de l'ASN de communiquer sur ses dangers.
Une culture de la prévention des risques à renforcer
Ce sont tout d'abord les chefs d'établissements qui ont été sensibilisés, sous la forme d'un courrier les rappelant au suivi des règles en vigueur. Dans cette missive, basée sur le retour d'expériences que constituent les 67 déclarations d'événements indésirables recueillies depuis 2007, l'institution énumère les différents disfonctionnements ayant émaillé la discipline radiologique interventionnelle. Parmi les constats, on trouve une insuffisance de moyens affectés aux personnels radiophysiciens et PCR ainsi qu'un manque de culture de la gestion des risques dans le secteur sanitaire. L'ASN évoque également l'absence de démarches d'évaluation des pratiques professionnells (EPP) ainsi que des manquements dans la formation des opérateurs.
L'ASN sensibilise les directeurs d'établissements
Il découle de ces constats une séries de recommandations, notifiées dans la lettre citée en objet, que les directeurs d'établissements sont invités à faire appliquer pour améliorer la situation. L'adéquation des moyens humains avec les besoins, l'identification des actes et des patients à risque ainsi que la mise en place d'une démarche d'EPP en sont les actions phares à mettre en place. L'ASN demande également que soient anticipés les changements techniques et organisationnels dans ce secteur et annonce enfin que des mesures spéciales de contrôle de qualité des appareillages dédiés à la radiologie interventionnelle sont à l'étude. Voila qui devrait bientôt ajouter une couche au millefeuille réglementaire!
Maîtriser la dosimétrie des zones attenantes
Les organismes agréés de contrôle qualité en radioprotection ne sont pas en reste. L'IRSN a en effet été missionné afin qu'il établisse une méthodologie de mesure des zones attenantes aux locaux où sont réalisés les actes de radiologie interventionnelle, méthodologie que ces organismes devront mettre en pratique lors de leurs prestations de service. Il s'agit, pour résumer le processus, d'effectuer, dans les zones attenantes, des mesures d'équivalent de dose ambiant à l'aide d'un radiamètre fonctionnant en mode intégration pour une charge de travail donnée et d'extrapoler les résultats à la charge de travail mensuelle. Le détail de la méthodologie figure dans un rapport de l'IRSN de janvier 2014 que l'ASN a communiqué aux prestataires concernés. Cette méthodologie sera donc applicable également par les PCR et radiphysiciens pour réaliser leurs propres mesures.
Le guidage des actes interventionnels radioguidés à l'aide des rayons X est incontestablement dans l'oeil du cyclone. Il est désormais de la responsabilité de tous les acteurs impliqués dans cette discipline d'acquérir, ou de renforcer, une culture du management de la qualité afin que les professionnels en limitent les risques et augmentent ainsi les bénéfices pour les patients.
Bruno Benque