PACS canadien : un modèle à suivre de près
SAMEDI 25 MAI 2013
En France, les projets PACS sont divers, les initiatives régionales et nationales nombreuses (projet RSF), mais l’organisation « magique » n’est pas encore là… La France reste aujourd’hui avant-dernière en Europe pour l’installation de Pacs[1]. S’il n’existe pas de modèle idéalement transposable (en fonction des contextes économiques et environnementaux ou des aspects juridiques et des organisations médicales des pays), s’inspirer de modèles qui fonctionnent peut ouvrir des perspectives.

Rencontre avec le Docteur Jean-Pierre Thierry, consultant
Des convergences
Bien que géographiquement très éloignés, la France et le Canada ont de nombreux points communs. « Le contexte de santé canadien est très proche de celui de la France : service public développé, niveau des dépenses de santé, présence de grands plans de santé publique, proportion importante de médecins exerçant dans le libéral, faible niveau d’équipement d’imagerie médicale (même si la densité d’IRM par habitant est supérieur de 25% par rapport à la France) ou encore déficit démographique médical (notamment radiologique)». Aussi, se penchersur le modèle de santé d’un pays comme le Canada qui a réussi le déploiement des PACS et des solutions avancées de téléradiologie peut s’avérer particulièrement intéressant pour la France qui présente un retard important : seulement 20% des hôpitaux publics sont équipés en Pacs et 80% des examens d’imagerie médicale sont encore gravés sur CD ou DVD. L’exemple canadien tend à démontrer que le retour sur investissement est difficilement contestable et que le déploiement des PACS va permettre de mieux répondre à des besoins sanitaires notamment en servant de socle à la téléradiologie. .
Le projet Inforoute
Le projet de PACS canadien entre dans le cadre général du projet d'accompagnement fédéral à l'informatisation. L’imagerie médicale a été choisie comme dossier prioritaire et a bénéficié d’un financement conséquent dès le début du projet. « Le déploiement a duré de 2003 à 2011 pour un investissement total compris entre 700 et 800 millions de dollars canadiens. En 8 ans, les Canadiens ont réussi à passer de 30 % à 100 % d'imageries radiologiques numérisées et connectées à des PACS locaux, départementaux et régionaux offrant ainsi un dossier radiologique unique progressivement à toute la population canadienne ». Le projet d’Inforoute continue aujourd’hui et vise la diffusion d’un dossier médical partagé qui sera, in fine, ouvert progressivement aux patients dans quelques années.
Raisons d’un succès
Ce succès repose sur une véritable politique guidé par des impératifs de santé publique, un cadre définissant les priorités et une offre de technologie arrivée à maturité et maitrisée. Le besoin de financement d’un tel projet ne peut être considéré comme un frein, la suppression du film argentique (y compris de reprographie) offrant de façon assez exceptionnelle une bonne partie du Retour sur Investissement (ROI). « Des audits indépendants canadiens ont pu évaluer un ROI favorable, notamment si l'on tient compte des gains de productivité réalisés dans les services et cabinets de radiologie mais aussi aux effets induits chez les prescripteurs ou encore grâce à la diminution de examens redondants ou inutiles ». De plus, « le projet de PACS mutualiste va permettre de gérer au mieux les délais d'accès aux modalités et les délais d'obtention des comptes-rendus radiologiques. C'est sans doute également à ce niveau, grâce à une gestion intelligente des flux en téléradiologie, que seront trouvés les plus grands gains en matière d'efficience tout en permettant de respecter les objectifs officiels de délais d'attente, notamment pour le bilan diagnostic et le suivi des cancers ».
[1] Rapport : les systèmes d’information santé en imagerie médicale. Michèle Barzach santé international. 10 mai 2011
Marie-Valentine Bellanger