VIH : corrélation entre épaisseur de paroi coronaire et fonction cardiaque altérée
JEUDI 11 AVRIL 2024
Une nouvelle étude Radiology : Cardiothoracic Imaging montre une corrélation entre augmentation de l’épaisseur de la paroi des coronaires et altération de la fonction diastolique chez les personnes asymptomatiques vivant avec le VIH. Ces résultats pourraient leur être bénéfiques par une prise en charge plus précoce.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, environ 39 millions de personnes vivaient avec le VIH à la fin de 2022, une maladie qui a fait jusqu’ici 40,4 millions de victimes.
Une étude pour évaluer l’impact du VIH sur la fonction cardiaque
Alors que des médicaments thérapeutiques efficaces augmentent l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH, il semble que les maladies cardiovasculaires sont plus fréquentes chez ces personnes que chez les celles qui ne sont pas séropositives, avec une mortalité cardiaque subite estimée 4 fois plus élevée que dans la population générale.
Des chercheurs des National Institutes of Health (NIH) ont entrepris d'évaluer la présence de l'athérosclérose coronarienne précoce et sa relation avec la fonction cardiaque chez les personnes vivant avec le VIH asymptomatiques et présentant un faible risque de maladie cardiovasculaire. Pour l'étude, ils ont recruté 74 adultes (âge moyen de 49 ans) vivant avec le VIH sans maladie cardiovasculaire connue et 25 témoins sains (âge moyen de 46 ans).
Une procédure très normalisée pour comparer deux groupes de séropositifs et de non-séropositifs
Tous les participants à cette étude, publiée dans la Revue Radiology : Cardiothoracic imaging, ont fait l’objet d’une IRM cardiaque pour mesurer l’épaisseur de la paroi des vaisseaux coronaires, ainsi que d’un échocardiogramme pour évaluer la fonction ventriculaire gauche. « Des études antérieures ont montré des maladies cardiovasculaires chez les personnes vivant avec le VIH, mais pas à un stade aussi précoce, précise l'auteur principal, le Dr Ahmed M. Gharib, chercheur clinique principal et directeur de la branche d'imagerie biomédicale et métabolique de l'Institut national du diabète et des maladies digestives et rénales (NIDDK), à Bethesda (Maryland – USA).
Les groupes VIH et témoins ont été appariés selon l'âge, le sexe et la race correspondants, tandis que leurs antécédents médicaux détaillés, un examen physique et des tests de laboratoire ont été obtenus par les chercheurs, y compris un examen détaillé de toute exposition à un traitement antirétroviral leurs facteurs de risque traditionnels de maladies cardiovasculaires. Ils ont fait par ailleurs l’objet de tests de laboratoire comprenant un dosage lipidique à jeun, le nombre de lymphocytes T et la charge virale du VIH.
Les patients séropositifs plus enclins à voir la paroi de leurs coronaires s’épaissir leur fonction diastolique altérée
Les résultats ont montré une augmentation, en imagerie IRM, de l’épaisseur de la paroi des vaisseaux coronaires dans le groupe VIH par rapport aux témoins. L'augmentation de l'épaisseur de la paroi des vaisseaux de l'artère coronaire était indépendamment associée à un indice de masse ventriculaire gauche élevé et à une altération de la fonction diastolique. L’épaisseur de la paroi des artères coronaires était également associée à la durée d’exposition à la didanosine, l’un des médicaments utilisés en association avec d’autres médicaments pour le traitement du VIH.
« La capacité de détecter précocement une maladie coronarienne chez les personnes vivant avec le VIH et, potentiellement, de prévenir les effets néfastes sur le muscle cardiaque est importante, ajoute le Pr Khaled Z. Abd-Elmoniem, scientifique du NIDDK. Cette recherche montre l'impact du VIH sur le développement d'une maladie coronarienne subclinique subtile et ses effets sur la fonction cardiaque. »
Les chercheurs ont souligné que l'identification précoce des maladies cardiovasculaires subcliniques chez les jeunes patients atteints du VIH est une nécessité urgente, ouvrant potentiellement la voie à une intervention et à une gestion de la maladie plus efficaces.
Bruno Benque avec RSNA