Les radio-nucléides qui feront progresser la théranostique dans un futur proche
MERCREDI 18 OCTOBRE 2023 Soyez le premier à réagirLes nouveaux radio-isotopes conçus pour faire évoluer la théranostique notamment sont désormais très nombreux. Une équipe de chercheurs de l’EANM nous en donne une liste détaillée dans l’European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (EJNMMI), à partie d’un questionnaire adressé aux acteurs de la discipline.
La théranostique, traitement utilisant l'imagerie diagnostique pour identifier si des récepteurs cibles sont présents sur les cellules cancéreuses suivi d'une radiothérapie de précision ciblant ces récepteurs, est l’un des facteurs de développement majeurs de la médecine nucléaire. La mise en œuvre de la tomographie par émission de positons (TEP) dans la routine clinique et la mise au point de nouvelles thérapies ciblées en oncologie font ainsi partie de l’arsenal de la médecine personnalisée future.
Le Consortium PRISMAP, centre névralgique de la recherche sur les radio-isotopes prometteurs pour la théranostique
Sur plus de 3 000 radio-isotopes différents synthétisés en laboratoire, seule une poignée est régulièrement utilisée pour des procédures médicales, principalement pour l'imagerie. Afin de soutenir les recherches en cours dans toute l'Europe visant à faciliter l'accès à de nouveaux radionucléides, le consortium PRISMAP (programme européen des radionucléides médicaux) a été créé pour offrir le catalogue le plus large de radionucléides non conventionnels pour la recherche médicale et translationnelle et de donner accès à de nouveaux radio-isotopes.
Les radionucléides TEP les plus fréquemment utilisés pour la tomographie par émission de positons (TEP) sont les émetteurs de positrons purs comme le Fluor (18F) et le carbone (11C), qui peuvent être produits dans les cyclotrons médicaux, ou le Galium (68G) et le Chlorure d’Indium (111In), Le Lutécium (177Lu) et l’Actinium (225Ac) sont quant à eux utilisés respectivement pour la thérapie par radionucléides β− et α. PRISMAP fédère un consortium d'installations européennes de production d’isotopes et des instituts de recherche biomédicale et des hôpitaux de premier plan. Dans un article publié dans l’European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (EJNMMI), des chercheurs de l’European Association of Nuclear Medicine (EANM) listent les nouveaux radio-isotopes qui pourraient voir leur utilisation se développer dans un futur proche.
Un questionnaire élaboré par des chercheurs de l’EANM
Pour ce faire, ils ont élaboré un questionnaire basé sur une revue de la littérature et une revue d’experts et l’ont soumis aux acteurs de PRISMAP ainsi qu’à la communauté des utilisateurs, les associations professionnelles de radiologie et de médecine nucléaire et les utilisateurs finaux précliniques/cliniques en Europe, collectant un total de 40 réponses. Il est à noter que le lien vers ce questionnaire est toujours disponible sur la page d'accueil publique de PRISMAP pour encourager les nouveaux utilisateurs cliniques à devenir visibles.
Ce questionnaire couvrait les nouveaux radio-isotopes, le type d'examen clinique, l'utilisation actuelle des technologies avancées et les projets à venir dans les 2 à 5 prochaines années. L’enquête comprenait également des questions sur les activités de recherche et développement et les activités d’enseignement des établissements enquêtés. L’article liste de nombreux isotopes que nous n’énumèrerons pas tous ici.
Un nombre significatif de nouveaux radio-isotopes promis à un bel avenir
Mais parmi eux, citons le Scandium, qui présente trois radio-isotopes pour les applications théranostiques, dont le Scandium-44, comme radionucléide alternatif au 68Ga pour l'imagerie TEP, et le Scandium-47, un émetteur β utile pour l'imagerie SPECT.
On trouve aussi le manganèse-52, prometteur pour le TEP et dans les applications d’IRM contrastée au manganèse (MEMRI) ainsi que pour le TEP/IRM, le Cuivre-64, un agent prometteur pour cibler et visualiser les lésions tumorales pour les récepteurs PSMA, le cuivre-67,un émetteur β− émergent d'intérêt pour la thérapie avec émission γ utilisable pour SPECT qui forme une paire théranostique avec 64Cu.
Citons enfin le Terbium, qui présente quatre radionucléides d'intérêt médical. Le 149Tb est le seul émetteur α doté d’une demi-vie cliniquement utile qui convient à l’imagerie TEP. Et à des applications radiothéragnostiques comme dans le cancer de la prostate. Le 155Tb peut être particulièrement intéressant pour le SPECT à faible dose et le 161Tb et est considéré comme une évolution logique du 177Lu, augmentant le dépôt de dose local dans les applications thérapeutiques par rapport à ce dernier.
La médecine nucléaire et ses applications notamment en Théranostique n’a donc pas fini de nous étonner dans sa capacité à se renouveler. Espérons que les programmes de recherche dédiés ne pâtiront pas trop des fluctuations de la conjoncture économique actuelle,s et surtout futures.
Bruno Benque avec EJNMMI