Comment explorer le pied de Charcot ?
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2019
Dans une revue des images médicales pour le diagnostic et la classification du pied de Charcot, une étude suisse identifie la radiographie conventionnelle et l’IRM comme moyens d’exploration privilégiés.

Une étude suisse publiée dans Springer, le journal de l’European Society of Radiology, propose une revue des images médicales du pied de Charcot. Cette affection est caractérisée par quatre stades de la maladie, l’inflammation du pied tout d’abord, la fragmentation ensuite, la coalescence et enfin la consolidation.
Cinq zones du pied impliquées dans la classification de la maladie
La phase active se matérialise par un pied chaud, rouge et œdématié, l’os devient fragile entraînant des fractures, des destructions articulaires et un effondrement de l’arcade longitudinale du pied. Pendant la phase inactive, le pied n'est plus rouge, mais des ostéophytes saillants et des corps mous palpables sont la conséquence d'une destruction substantielle des articulations. L’apparence typique d’un pied de Charcot en phase finale est ce que l’on appelle la difformité du pied bot en piolet.
Cette revue se concentre sur les découvertes typiques d’un pied de Charcot sur les radiographies et sur l’IRM car ces deux modalités jouent le rôle le plus important pour la surveillance, la classification et le traitement de la maladie. Elle utilise la classification de Sanders et Frykberg car celle-ci peut être utilisée sans informations cliniques supplémentaires. Sanders et Frykberg ont identifié cinq zones de répartition de la maladie en fonction de leur localisation anatomique. Les zones les plus couramment impliquées sont la zone II dans environ 45% des cas et la zone III dans environ 35% des cas.
La radiographie conventionnel et l’IRM recommandées, selon le stade d’évolution de la maladie
Les radiographies conventionnelles du pied de Charcot sont traditionnellement la technique d'imagerie standard pour établir le diagnostic, évaluer le stade de la maladie et la surveiller. Le principal avantage des radiographies standard est d’évaluer la position des os les uns par rapport aux autres, en particulier en charge.
En IRM, il est essentiel d’utiliser un large champ d’acquisition car la maladie peut toucher tout le pied. Il est nécessaire d'utiliser une séquence sensible aux liquides (par exemple, STIR) pour évaluer l'œdème dans la moelle osseuse et les tissus mous. Une séquence T1 TSE (turbo spin-echo) classique explore l'anatomie et le signal adipeux de la moelle osseuse. Les séquences pondérées en T2 peuvent démontrer la présence de kystes sous-chondraux et aider à identifier les collections de liquide. Les images axiales sont utiles pour évaluer la maladie articulaire de Lisfranc. L’injection de gadolinium est déconseillée car ces patients sont à risque de développer une insuffisance rénale.
IRM pour le diagnostic du pied de Charcot au stade précoce
L'IRM est la meilleure modalité d'imagerie pour confirmer le diagnostic de suspicion active de la maladie de Charcot active précoce alors que les radiographies conventionnelles peuvent sembler normales à ce stade. Dans le pied de Charcot, l'os cuboïde devient l'os le plus inférieur du pied qui est sujet à une formation importante de callosités, de vésicules et d'ulcérations, en particulier au niveau du cuboïde. Cela peut entraîner des infections des tissus mous et de l'ostéomyélite. L'IRM présente une grande précision dans le diagnostic de l'ostéomyélite du pied, avec une sensibilité élevée (77–100%) et une haute spécificité (80–100%). Cependant, la distinction entre un pied de Charcot actif et une ostéomyélite aiguë reste difficile et nécessite un complément d’information.
D'autres moyens d'exploration, notamment l'IRM fonctionnelle, le scanner ou la médecine nucléaire sont également évoqués dans cette étude.
Bruno Benque avec Springer