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L'ECR 2019 a mis l'accent sur l'interdisciplinarité

08/03/2019
De Bruno Benque

L'interdisciplinarité a constitué le thème majeur de la conférence de presse donnée en ouverture de l'ECR 2019. L'oncologie, les pathologies complexes ou la psychiatrie sont des domines où l'imagerie a un rôle majeur à jouer. Explications par quelques orateurs de cette conférence.

C'est sur le toit-terrasse de la Saturn tower de Vienne que s'est tenue, le 27 février 2019, la conférence de presse de l'European Congress of Radiology.

Le Dr Lorenzo E. Derchi, Président de l'European Society of Radiology, ouvrait le débat en présentant les moments forts à prévoir lors de ces cinq jours de congrès et en évoquant un thème largement repris dans la communauté radiologique européenne, à savoir la position forte des radiologues dans les équipes pluri-disciplinaires de prise en charge des patients et le rôle prépondérant du partage des données images pour faire progresser la recherche dans le vieux continent.

Le radiologue, spécialiste de "Théranostic"

C'est le Dr Beets-Tam, radio-oncologue au sein du Netherland Cancer Institute, qui lui a succédé au pupitre. Comme son homologue italien, elle a rappelé l'importance prise, depuis quelques années, par la prise en charge pluridisciplinaire des patients, ainsi que par l'intelligence artificielle, notamment sur le champ quantitatif des données de Santé. Le radiologue est aujourd'hui, a-t-elle affirmé, un spécialiste de "Théranostic", qui identifie les pathologies, et les traite souvent dans le même temps, ou dans un délai très court, grâce aux technologies qui lui sont désormais mises à disposition. Elle a ensuite évoqué les avancées de la thérapeutique oncologique, parmi lesquelles l'immunothérapie, très toxique et chère au demeurant, la radiomique ou le PETScan, qu'elle considère aujourd'hui plus performante que la biopsie pour identifier une signature moléculaire.

Intégrer l'intelligence artificielle dans la pratique des radiologues

Le Dr Elmar Kotter a ensuite évoqué l'intelligence artificielle (IA), une technologie qui se trouve aujourd'hui dans la phase haute du cycle Hype. Il devrait y avoir par conséquent, d'après lui, quelques dépressions dans un avenir proche. Il a ébauché à cette occasion l'historique de l'IA, qui a véritablement débuté en 1950, avec l'apparition de systèmes experts répondant à des règles explicites en 1980, la machine ayant commencé à apprendre sans qu'un intervenant extérieur ne le lui explique en 2008.

Le deep learning est quant à lui développé aujourd'hui et les radiologues se préparent à le piloter en s'assurant que les images médicales soient annotées, gage de la qualité des bases de données, et que ces dernières sont assez nombreuses pour faire tourner des algorithmes avec pertinence. "Mais comment intégrer l'IA dans la pratique des radiologues, notamment dans le workflow de leur activité, l'enjeu étant d'allier la qualité de leurs prestation à une meilleure productivité ?, interrogeait le Dr Kotter. Cette thématique devra sans doute entrer dans leur formation pour qu'ils en prennent la pleine mesure. Ils devront également se poser les bonnes questions éthiques qui ne tarderont pas à apparaître."

Les apports de l'IRM dans la pride en charge des pathologies psychiatriques

Le Pr Jean-Pierre Pruvot (CHU Lille) qui a conclu cette conférence, avec un topo sur les apports de l'imagerie, principalement l'IRM, sur la prise en charge des maladies psycho-somatiques, a présenté l'épidémiologie de ces pathologies dans les hauts-de-France, où 16 000 nouveaux cas sont identifiés par an, ce qui en fait la 2ème cause d'hospitalisation, devant les maladies cardiovasculaires. Ils a assuré que plus ces maladies sont traitées précocement, et meilleure est le rétablissement. L'imagerie entre en première ligne dans ce cas, avec l'avènement de l'IRM fonctionnelle et de l'intelligence artificielle. "Des études sont en cours qui commencent à montrer le fort potentiel de cet attelage, notamment la MR spectroscopy, a-t-il précisé. En pratique, il s'agit de coordonner les acteurs de la psychiatrie, des neurosciences, de la biologie et de la radiologie."

BIG (Biology-Imaging-Genetics) Data

Des marqueurs ont en effet été identifiés récemment, qui donnent des informations précieuses sur l'arrivée de la maladie avant qu'elle ne se déclare. Il a enfin évoqué le groupe Predipsy qui s'est formé pour récolter des données l'IRM 7T et qui aidera cette nouvelle discipline à se développer.

Au final, les orateurs ont souhaité faire passer un message favorisant la collaboration entre les différentes spécialités, dont la radiologie, pour faire progresser la prise en charge des patients pour des pathologies oncologiques ou complexes. Et comme le Pr Pruvot l'a déclaré en fin de son discours, le terme de Big Data peut désormais être détourné, Biology, Imaging et Genetics constituant le nouveau BIG du Data.

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