Édito - Pratiques avancées infirmières: attention à la pertinence des actes !
LUNDI 23 JUILLET 2018
Les pratiques avancées infirmières sont actées depuis le 19 juillet 2018. Cette nouvelle fonction, qui se rapproche de l'exercice médical, permettra à ces nouveaux professionnels de Santé de prescrire certains actes d'imagerie. Un pavé dans la mare des radiologues à l'heure de la pertinence des actes.

Les infirmiers exerçant en France peuvent désormais prétendre à un exercice de pratiques avancées. À l'instar de leurs collègues anglo-saxons et canadiens, entre autres, leurs prérogatives seront étendues avec la possibilité de réaliser des actes qui étaient dévolus aux seuls médecins.
Deux décrets et trois arrêtés formalisent les pratiques avancées infirmières
C'est le résultat d'un long processus qui a vu leurs représentants lutter pour obtenir cette reconnaissance en même temps qu'une évolution nécessaire eu égard aux compétences que certains se sont donnés la peine d'acquérir et à l'augmentation du nombre de patients atteints de maladies chroniques et autres affections qui nécessitent un suivi régulier. Les pratiques infirmières avancées sont donc actées depuis le 19 juillet 2018, date à laquelle deux décrets et trois arrêtés législatifs sont parus au Journal Officiel, formalisant l'ensemble des actes qu'ils pourront réaliser ainsi que les prérequis pédagogiques qu'ils devront satisfaire pour pouvoir exercer cette nouvelle fonction.
Les demandes d'examens d'imagerie parmi leurs nouvelles prérogatives
Parmi ces nouvelles prérogatives, le Décret n° 2018-629 du 18 juillet 2018 relatif à l'exercice infirmier en pratique avancée leur permet, dans le cas de maladies chroniques, en oncologie ou en maladie rénale et dialyse, de conduire des entretiens cliniques, de réaliser des actions de prévention ou de dépistage et de prescrire des médicaments ciblés. Mais c'est l'Arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l'exercice infirmier en pratique avancée en application de l'article R. 4301-3 du code de santé publique qui devrait faire débat dans la communauté radiologique. Ce document précise les actes techniques que l'infirmier exerçant en pratique avancée peut effectuer, parmi lesquels la demande d'examens d'imagerie et de dopplers du tronc supra-aortique.
Un pavé dans la mare des radiologues dans leur volonté de promouvoir la pertinence
Cette décision n'est pas scandaleuse en soi, si l'on considère que ces professionnels maîtrisent les pathologies qu'ils sont amenés à surveiller pour leurs patients. Ce qui risque de poser problème, c'est l'augmentation potentielle du nombre d'actes prescrit, e donc de leur pertinence. Les radiologues ont obtenu récemment une réévaluation de la valorisation des actes d'imagerie en échange de quoi ils s'engagent à agir sur la pertinence de ces actes, en réalisant notamment des actions d'information auprès des médecins prescripteurs, en particulier les généralistes. Les pratiques avancées infirmières jettent ainsi un pavé dans la mare des radiologues car elles vont les obliger à élargir le champ des professionnels à former, ce qui va sans doute leur compliquer la tâche.
Les premières promotions d'infirmiers de pratiques avancées seront constituées à la rentrée 2018, pour une formation de quatre semestres. Nous ne doutons pas un instant que la pertinence des actes leur sera enseignée durant cette période. Rendez-vous dans deux ans pour en évaluer l'efficacité…
Bruno Benque