Le marquage de spin pour explorer les variations de flux sanguin cérébral sans injection
MARDI 12 JUIN 2018
Le marquage artériel de spin permet, sans injection de produit de contraste, d'évaluer les variations de débit sanguin cérébral responsables de troubles cognitifs chez les jeunes insuffisants rénaux chroniques. C'est ce que montre une étude publiée dans la revue Radiology.

Les changements de flux sanguin dans le cerveau des enfants, des adolescents et des jeunes adultes atteints d'insuffisance rénale chronique peuvent expliquer pourquoi beaucoup font face à un risque plus élevé de déficience cognitive, selon une étude publiée en ligne dans la revue Radiology.
Explorer les insuffisants rénaux avant les symptômes d'hypertension artérielle
Des recherches antérieures ont établi un lien entre l'insuffisance rénale chronique et des lésions de la substance blanche du cerveau ou des déficits cognitifs. Alors que l'insuffisance rénale chronique chez l'adulte est souvent associée à des troubles liés à l'âge, tels que l'hypertension et le diabète, la maladie infantile survient souvent congénitalement. "On ne sait pas si les problèmes cérébraux de la maladie rénale chez les adultes sont secondaires à l'hypertension produite par la maladie, a déclaré le co-auteur d'une étude publiée en ligne dans la revue Radiology, le Dr John A. Detre, professeur de neurologie et de radiologie, directeur du Centre de neuroimagerie fonctionnelle et vice-président pour la recherche en neurologie à la Perelman School of Medicine de l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Dans notre étude, nous voulions explorer les patients atteints d'une maladie rénale précoce, avant qu'ils ne soient l'objet de décennies d'hypertension artérielle. En faisant cela, nous pourrions séparer les effets de l'insuffisance rénale de ceux de l'hypertension artérielle chronique."
Le marquage de spin artériel pour quantifier le flux sanguin cérébral
Le Dr Detre et ses collègues ont évalué le débit sanguin dans le cerveau de 73 enfants, d'âge moyen d'un peu moins de 16 ans, atteints d'insuffisance rénale et de 57 participants du même groupe témoin. Les chercheurs ont utilisé le marquage de spin artériel en IRM qui permet de quantifier de manière non invasive le flux sanguin dans le cerveau. Les patients atteints d'insuffisance rénale présentaient un débit sanguin cérébral plus élevé que les contrôles dans certaines régions du cerveau, une constatation surprenante, étant donné qu'une diminution des performances cognitives est généralement associée à une diminution de ce flux. "Il y a plusieurs raisons possibles à ce phénomène inhabituel, a déclaré le Dr Detre. Cela peut indiquer une hyperactivité compensatoire, dans laquelle les régions du cerveau travaillent très dur pour maintenir la performance, ou une perturbation dans la régulation de la circulation sanguine chez ces patients."
Des différences de flux cérébral significatives par rapport à la population témoin
Le flux sanguin cérébral et la tension artérielle de la substance blanche étaient également corrélés, suggérant que les patients atteints de maladie rénale ont des problèmes d'autorégulation cérébrovasculaire. Ce type de dysfonctionnement pourrait entraîner une lésion de la substance blanche, selon le Dr Detre. "L'insuffisance rénale chronique semble affecter la physiologie et la fonction cérébrale, même au début de la maladie, a-t-il poursuivi. Cette étude nous donne des indices sur les changements dans la physiologie du cerveau qui pourraient provoquer des troubles cognitifs." Parmi ces changements, ont été objectivées des différences de flux sanguin entre les patients et les contrôles dans les zones cérébrales liées à des problèmes cognitifs. Par rapport aux témoins, les patients atteints d'insuffisance rénale présentaient des différences de débit sanguin cérébral dans le réseau en mode par défaut. Les patients ayant une fonction motrice faible, ou des compétences réduites pour la planification, l'organisation et l'attention, présentaient des différences significatives dans le débit sanguin cérébral par rapport aux témoins.
Une alternative à l'injection de produit de contraste chez les insuffisants rénaux
Ces résultats indiquent que le marquage de spin artériel s'avère un outil potentiellement précieux pour caractériser les risques d'accidents ischémiques transitoires (AIT) d'accident vasculaire cérébral (AVC), même chez les patients rénaux chroniques bénins. "Le flux sanguin cérébral est un paramètre physiologique d'importance critique que vous pouvez mesurer en quelques minutes avec un marquage de spin artériel, conclut le Dr Detre. Cette technique fournit un moyen non invasif de quantifier le débit sanguin cérébral sans utilisation de produit de contraste, ce qui est tout à fait bénéfique pour les patients atteints de dysfonction rénale."
Bruno Benque avec RSNA