L'influence des systèmes d'information au cœur du RSNA 2013
MARDI 11 FéVRIER 2014
De retour du congrès annuel de la RSNA, Jean-Charles Dron et Aïssa Khelifa livrent leurs réflexions sur l'influence à venir des SI sur la pratique de l'imagerie médicale. Des unités d'imagerie réorganisées par la téléradiologie, la mutualisation des images et une information mieux valorisée sont au cœur de cette analyse que les deux consultants associés au sein du cabinet Health Management Solutions nous font partager.

Le récent Congrès de la Radiological Society of North-America (RSNA), qui s'est tenu en décembre 2013, a, comme chaque année, réuni ce qui se fait le mieux en termes de matériels et de solutions dédiés aux différentes applications de l'imagerie médicale.
Permettre l'interopérabilité des PACS en vue de la mutualisation des images
Le RSNA a été, cette année, l'occasion de scruter les tendances pour les PACS, qui évoluent vers la mutualisation des images produites, et au-delà, vers leur centralisation. Les éditeurs proposent aujourd'hui des services cloud accessibles en SaaS (Software as a Service), vecteurs de souplesse pour les utilisateurs. Mais des contraintes d'interopérabilité peuvent apparaître, lors d'une migration d'un PACS existant vers un outil mutualisé, malgré l'utilisation généralisée du DICOM. Cette contrainte pourra être contournée en choisissant archivage neutre de type VNA (Vendor Neutral Archive), dont l'une des fonctionnalités, le tag morphing, assurera le stockage de données provenant de n'importe quel PACS. En termes de partage, une architecture de type IHE XDS-i (Cross-Entreprise Document Sharing) permettra des échanges fluides de dossiers d'imagerie entiers au sein de la communauté des radiologues, le profil XCA-i (Cross Community Acces) intégrant d'autres spécialités médicales dans ce processus.
Une information radiologique valorisée et sécurisée
Un autre item relaté par Aïssa Khelifa concerne la répercussion automatique des annotations apportées par le radiologue sur les images vers le compte-rendu. Un projet américain, appelé Annotation Image Markup (AIM), a permis de créer un modèle AIM Information Model capable de rendre disponibles ces informations pour une exploitation par les systèmes d'information, via des métadonnées générées pour chacune de ces images annotées. Cela favorisera également l'enrichissement des comptes-rendus, qui verront des données quantitatives et qualitatives issues directement des commentaires du radiologue s'intégrer automatiquement.
Le RSNA a aussi mis le Big Data à l'ordre du jour, le volume d'informations dans le secteur de l'imagerie augmentant de façon exponentielle. Le supercomputer Watson ainsi a été mentionné, lui qui sélectionne les dossiers patients déjà connus pour les comparer aux symptômes d'un patient afin de fournir au médecin une aide à la décision thérapeutique. Sur le thème de la sécurité de transmission des images, d'autre part, ont été présentés quelques exemples de plates-formes de diffusion garantissant la confidentialité des données au travers, notamment, d'une messagerie commune à un groupe de praticiens.
La téléradiologie, vecteur de changements organisationnels
Au-delà de ces considérations purement matérielles et technologiques, les acteurs de l'imagerie médicale devront désormais s'adapter en inventant de nouvelles organisations, basées sur le développement de la téléradiologie. C'est dans ce cadre qu'Aïssa Khelifa a recueilli le témoignage de deux représentants de l'American College of Radiology (ACR), qui a mis en place une Task Force pour proposer des recommandations pour le bon développement de cette discipline, synthétisées dans l'ACR White Paper on Teleradiology. Le radiologue n'étant plus sur le lieu de l'examen, le renforcement du rôle central des manipulateurs et l'information des autres professionnels de santé seront à même de restaurer la confiance de ceux-ci envers cette nouvelle discipline. D'autre part, les rôles doivent être clairement formalisés entre les différents acteurs de l'unité d'imagerie, le développement des super-RIS permettant de gérer les ressources humaines au sein de plateaux techniques éloignés géographiquement. Pour aller plus loin, la SIIM (Society For Imaging Informatics in Medicine) a initié le projet SWIM (SIIM Workflow Initiative in Medicine), un outil de décomposition des processus pour chaque intervenant.
Le rapport réalisé par Aïssa Khelifa nous donne une idée de ce que pourrait être la radiologie de demain, certains de ces projets étant déjà en production en France.
Bruno Benque