Des particules de petite taille pour emboliser les artères bronchiques périphériques
MARDI 17 DéCEMBRE 2024
À l’occasion de la survenue d’une pathologie inflammatoire pulmonaire, une hyperpression peut se déclarer dans les artères pulmonaires périphériques et provoquer des hémoptysies. Une étude publiée dans la Revue European Radiology évalue le risque d’une embolisation utilisant des particules de petite taille. Ce travail de recherche qui prouve l’innocuité et l’efficacité de la procédure en question.

L'embolisation de l'artère bronchique est largement utilisée dans le traitement des hémoptysies importantes, comme méthode principale de contrôle des saignements, en prévention secondaire et comme passerelle vers la chirurgie, tout en préservant la fonction pulmonaire.
Des pathologies inflammatoires pulmonaires qui entraînent une hyperpression dans les artères pulmonaires périphériques
Dans les états inflammatoires pulmonaires chroniques, les anastomoses broncho-pulmonaires augmentent de taille, entraînant un shunt pathologique avec pour conséquence une hypertrophie des artères bronchiques irriguant le poumon malade. Lorsque s’ajoute une inflammation pleurale, des communications transpleurales entre les artères systémiques non bronchiques et pulmonaires peuvent se former, entraînant une hypertrophie de ces dernières. C’est ainsi que les artères intercostales, sous-clavières ou phréniques exposent les artères pulmonaires périphériques fragiles et enflammées à des pressions artérielles systémiques élevées, augmentant le risque de rupture et de saignement.
Une embolisation utilisant des particules de petite taille est-elle risquée dans ce cadre ?
C’est dans ce contexte que l’embolisation artérielle bronchique est mise en œuvre pour réduire la pression artérielle systémique dans ces vaisseaux pulmonaires friables. On utilise classiquement pour cela des particules supérieures à 300 µm mais des particules plus petites peuvent agir pour l'embolisation plus distale et obtenir de meilleurs résultats en termes de persistance ou d’hémoptysie récurrente. Une étude britannique rétrospective publiée dans la Revue European Radiology tente d’évaluer les résultats obtenus chez des patients atteints d'hémoptysie traités par embolisation avec des particules d'alcool polyvinylique (PVA) de 150 à 250 µm.
Ce travail a inclus tous les patients ayant fait l’objet d’une embolisation de l’artère bronchique entre 2010 et 2022 dans un seul centre tertiaire, avec recueil des données démographiques, l’étiologie et le volume de l’hémoptysie, le succès technique et clinique, les complications liées à la procédure et les informations de suivi. Des particules de PVA de 150 à 250 µm ont été utilisées tous les patients, suivies de l'utilisation de particules de plus grande taille chez certains d’entre eux.
Un travail de recherche qui prouve l’innocuité et l’efficacité de cette procédure
Cent quarante-quatre patients ont été traités selon 189 procédures et ont été suivis pendant 35 mois en moyenne. Des particules de PVA de 150 µm à 250 µm ont été utilisées comme seul agent embolique dans 137 cas. L'hémoptysie récidive dans les 30 jours dans 7%. Le délai médian pour répéter l'intervention était de 144 jours et 17 patients sur 144 présentaient un pseudo-anévrisme de branche de l’artère pulmonaire. Le taux de complications majeures était de 1% et la mortalité à trente jours était de 2%.
Les chercheurs ont semble-t-il démontré l'innocuité et l'efficacité de cette procédure utilisant des particules de PVA de 150 à 250 µm avec des taux de réussite techniques et cliniques élevés, de bons résultats à long terme et de faibles taux de récidive d'hémoptysie à 30 jours et globaux. Le risque d'embolisation non ciblée avec de petites particules est probablement surestimé tant qu'une technique d'embolisation méticuleuse est utilisée en effectuant des artériographies diagnostiques fréquentes pendant l'embolisation de vaisseaux individuels pour évaluer la progression de l'embolisation.
Paco Carmine