IRM pédiatrique : le feed & wrap comme alternative à la sédation profonde
MARDI 14 MAI 2024
La sédation profonde peut provoquer des effets secondaires pour les nouveau-nés qui doivent faire l'objet d'une IRM. Une étude publiée dans la Revue European Radiology évalue la qualité d’image obtenue en utilisant la technique d’immobilisation Feed and Wrap. Les chercheurs y voient une méthode efficace avec une qualité d’image significative et annoncent la fin de la sédation profonde pour les nouveau-nés candidats à l’IRM.

L'IRM est plébiscitée en imagerie pédiatrique en raison de l'absence de rayonnements ionisants et de son contraste élevé dans les tissus mous. Cependant, la longueur d’acquisition des images est une contrainte pour obtenir un taux satisfaisant d’images de qualité en raison des mouvements du patient.
Un risque avéré d’effets secondaires à moyen et long terme pour les nouveaux-nés sédatés avant une IRM
La mise en pratique croissante de l’IRM néonatale, implique d’avoir souvent recours à la sédation profonde pour réduire les artefacts de mouvement et obtenir une qualité d’image optimale. Mais elle est difficile à obtenir, en particulier chez les patients prématurés de faible poids, en raison de leur anatomie, de leur physiologie et de leur comportement pharmacocinétique uniques.
Le challenge concerne tout d’abord les voies respiratoires, qui peuvent réagir face aux stress exogènes tels que la ventilation mécanique, par exemple par une obstruction des voies respiratoires et une possible désaturation. D’autres effets secondaires peuvent également survenir à long terme, comme la neurotoxicité, si bien que cette procédure tant à être abandonnée et que des alternatives sont recommandées.
La technique de feed and wrap, une alternative prometteuse
L’une d’elles consiste à immobiliser l'enfant après la tétée. Plusieurs approches ont été proposées, la technique « Feed and Wrap » - « nourrir et envelopper » (FWT) -, par laquelle on induit un sommeil naturel en nourrissant l’enfant, après quoi on l’emmaillote dans des couvertures et on le place dans un matelas à vide compatible IRM. Il n’y a pas de consensus quant à savoir s'il faut utiliser des dispositifs d'immobilisation externes, tels que les matelas à vide, pour tous les patients, uniquement pour des patients sélectionnés, ou pas du tout.
Des radiologues du Medical Center of Johannes Gutenberg University de Mainz (Allemagne) ont réalisé une étude dans leur centre afin d'évaluer les différences de taux de réussite, ainsi que de qualité des séquences, entre les examens IRM sous sédation profonde et le FWT (incluant un matelas à vide pour une immobilisation maximale) dans une large cohorte de patients.
Feed and wrap, une méthode jugée efficace avec une qualité d’image significative
Pour mettre en place ce travail, qui a fait l’objet d’un article dans la Revue European Radiology, ils ont évalué rétrospectivement la qualité d'image (sur la base d'une échelle semi-quantitative à 4 points) de tous les examens IRM chez les nouveau-nés entre juillet 2009 et août 2022. Ils ont inclus 432 patients consécutifs, 243 (56 %) sous sédation et 189 (44 %) sous FWT.
L'âge et le poids corporel corrigés (moyenne ± ET : 3,7 ± 1,1 versus 4,5 ± 1,3 kg) étaient significativement inférieurs dans le groupe FWT. Le taux de réussite global dans le groupe FWT était de 95 %. La qualité de l'image était légèrement inférieure lors de l'utilisation du FWT (moyenne ± SD : 3,7 ± 0,43 contre 3,96 ± 0,11). L'analyse multivariée a montré un risque plus élevé d'acquisition de séquences avec des limitations diagnostiques dans le groupe FWT, augmentant avec l'âge corrigé.
La fin programmée de la sédation profonde pour les nouveau-nés candidats à l’IRM
Les chercheurs ont tout de même conclu que le FWT est une méthode très efficace pour réaliser des IRM chez les nouveau-nés à terme et prématurés. Bien que la qualité globale de l’image soit légèrement inférieure à celle sous sédation, ils considèrent qu’il s’agit d’une option fiable pour réaliser des études IRM sans exposer l'enfant aux risques associés à la sédation. Ils annoncent donc que la sédation profonde pour les procédures diagnostiques d'IRM dans cette tranche d'âge, qui présente un risque de complications à court et à long terme, peut souvent être évitée.
Bruno Benque avec European Radiology