Ablation percutanée de tumeur pulmonaire : ventilation positive ou respiration spontanée ?
MERCREDI 31 JANVIER 2024
Selon l'American Journal of Roentgenology (AJR), l’ablation percutanée de tumeur pulmonaire peut se faire sous ventilation positive et anesthésie générale ou sous respiration spontanée et sédation modérée. Les chercheurs n’ont identifié aucune différence en termes de durée de procédure ou d’irradiation du patients, en particulier pour les cas complexes.

L'ablation percutanée guidé par l'image des tumeurs du poumon peut être réalisée avec respiration spontanée (RS) sous sédation modérée ou aux moyens d’une ventilation à pression positive sous anesthésie générale (AG).
Les deux modes de préparation d’un patient candidat à l’ablation percutanée d’une tumeur du poumon
La ventilation par jet à haute fréquence (HFJV) est un mode de ventilation à pression positive qui utilise des fréquences respiratoires comprises entre 60 et 300 respirations par minute et des volumes courants compris entre 1 et 3 ml/kg. Les faibles volumes courants permettent de limiter les mouvements respiratoires, ce qui facilite les procédures d'ablation par cathéter de fibrillation auriculaire ou d'ablation percutanée des tumeurs du poumon, du dôme hépatique et des reins.
Bien que l'ablation percutanée des tumeurs pulmonaires soit généralement bien tolérée, il est rapporté des cas d’effets secondaires provoqués par la ventilation à pression positive, comme une augmentation des taux de pneumothorax, voire des cas d'embolie gazeuse systémique via une fistule broncho-veineuse. Les données sur l'ablation percutanée des poumons avec HFJV sont limitées à deux études de cohorte comprenant 33 et 5 séances, et à une série de cas comprenant 67 séances, dont aucune n'a signalé de cas d'embolie gazeuse systémique. Dans la littérature scientifique figurent également les données concernant la cryoablation de tumeurs pulmonaires avec HFJV.
Comparaison entre la ventilation positive sous AG et la respiration spontanée sous sédation modérée
L’American Journal of Roentgenology (AJR) publie une étude qui vise à comparer les principaux événements indésirables et l’efficacité procédurale de la cryoablation pulmonaire percutanée réalisée sous une HFJV accompagnée d’une AG, ou en RS avec sédation modérée. « La HFJV semble être aussi sûre que le RS, mais les durées de séjour sont plus longues, remarque l'auteur correspondant, le Dr Florian J. Fintelmann, du Massachusetts General Hospital à Boston (Massachussetts – USA). La HFJV peut être utilisée dans des cas complexes sans avoir d'impact significatif sur la durée du séjour à l'hôpital supérieure ou égale à 2 jours, sur la durée de la procédure ou sur l'exposition aux radiations. »
Pour étayer cette affirmation, cette étude inclut des adultes ayant subi une cryoablation percutanée guidée par tomodensitométrie (TDM) d’une ou plusieurs tumeurs du poumon avec HFJV ou SR, du 1er janvier 2017 au 31 mai 2023. Les chercheurs ont comparé les critères de terminologie communs majeurs (grade ≥ 3) pour les événements indésirables (CTCAE) dans les 30 jours et les durées de séjour ≥ 2 jours. À l’aide d’équations d’estimation généralisées, les auteurs ont ensuite comparé les temps de réalisation de la procédure et du guidage TDM, le rayonnement dû au guidage TDM et la dose totale de rayonnement, ainsi que l’apparition d’un éventuel pneumothorax.
Aucune différence majeure identifiée en termes de durée de procédure ou d’effets indésirables
Ils ont remarqué que, pour 208 cryoablations de 310 tumeurs du poumon chez 139 patients, la HFJV était plus couramment utilisée que la RS pour traiter plusieurs tumeurs par séance (43 % contre 19 %) et des tumeurs non périphériques (48 % contre 24 %), sans différences significatives dans les taux d'événements indésirables majeurs, la durée des procédures ou l'exposition aux rayonnements. « Le choix de la modalité de ventilation pendant l'ablation percutanée des poumons doit être basé sur les caractéristiques du patient et les exigences procédurales anticipées, ainsi que sur les préférences de l'opérateur », ont conclu les auteurs.
Bruno Benque avec AJR