Une suite logicielle dédiée pour un diagnostic intégré pertinent
JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023
Aux Hôpitaux St-Joseph Marie Lannelongue une collaboration pleine et entière entre les services d’imagerie et d’anatomopathologie s’est établie afin de mettre en place les conditions d’un diagnostic intégré. Nous avons rencontré le Dr Marc Zins, chef du service d’imagerie de cette institution, qui détaille pour nous les initiatives prises dans ce cadre et les usages de la suite logicielle Philips dédiée.

Thema Radiologie : Les Journées Francophones de Radiologie 2023 sont annoncées sous le signe du diagnostic intégré. Qu’est-ce qui définit le mieux, pour vous, cette notion ?
Dr Marc Zins : J’ai l’habitude, pour en parler, d’utiliser l’image du puzzle. À l’ère du Big data et de la médecine des 5P (Préventive, Prédictive, Personnalisée, Participative, Pertinente), le diagnostic médical est obtenu, outre la clinique, par l’addition d’examens médicotechniques issus de la radiologie, de l’anatomo-pathologie (anapath), de la biologie, de la médecine nucléaire, etc. Dans ce contexte, le diagnostic intégré est donc le moyen de rassembler, d’ordonner, de sélectionner les pièces de ce puzzle qui sont autant de données de Santé très diverses. L’idée est ainsi de préparer les informations relatives à l’état du patient, de phénotyper ces données, en amont des décisions thérapeutiques qui seront prises en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP).
T.R. : Cette notion semble donc conditionnée par l’assemblage de volumes de données numériques inhomogènes. Comment réussir ce challenge ?
Dr M.Z. : Disons tout d’abord que l’imagerie, du fait de sa digitalisation précice, est en avance sur des spécialités comme l’anapath par exemple, et qu’elle est souvent à l’initiative de ces évolutions. Mais c’est bien un challenge multidisciplinaire en effet et cette vision se heurte à quelques freins majeurs, le premier d’entre eux étant l’interopérabilité. Les spécialités citées plus haut utilisent des Systèmes d’Information (SI) différents qui sont élaborés selon des standards souvent spécifiques. Nous travaillons actuellement sur des projets par lesquels cette interopérabilité pourrait devenir effective, notamment par l’entremise d’un entrepôt de données ou d’algorithmes qui pourraient nous faire gagner du temps dans la mise en ordre de ces données.
D’autre part, il faut une vision partagée de tous les acteurs pour que cela réussisse. L’imagerie est en avance, mais elle doit travailler sur un pied d’égalité avec les autres disciplines. Aux Hôpitaux St-Joseph Marie Lannelongue (HSJML), la collaboration est pleine et entière avec notamment le chef de service d’anatomie et cytologie pathologiques, le Dr Julien Adam qui utilise un scanner de digitalisation des lames Philips qui génère quelques 150 000 lames numériques par an. Nous travaillons en bonne compréhension sur un projet de mise en corrélation des images de tomodensitométrie et des lames numérisées en oncologie thoracique, même si les images de pathologie ne sont pas DICOM au départ.
T.R. : Vous citiez à l’instant le scanner de numérisation Philips, un constructeur avec lequel il existe un véritable partenariat scientifique au HSJML. Comment cela se matérialise-t-il ?
Dr M.Z. : Nous avons une histoire vieille de vingt ans avec Philips, date à laquelle nous avons acquis leur PACS, qui, soit dit en passant, est très ergonomique et aisé d’usage, avec des outils d’Intelligence Artificielle (IA) pour améliorer le workflow. Ils ont une vision globale de l’intégration des données de Santé, depuis la modalité jusqu’au diagnostic, en passant par les outils de stockage et de traitement et les partenariats pour intégrer l’IA au processus. C’est ainsi qu’ils ont conçu une suite logicielle qui assure le partage et l’agrégation des différents processus ainsi que les échanges pluridisciplinaires ou avec les autres établissements, le tout à partir d’une seule console.
T.R. : Quels sont, pour vous, les caractéristiques innovantes de cette suite logicielle et quelles sont évolutions à attendre d’un tel outil ?
Dr M.Z. : Il y a certains points qui méritent que l’on s’y attarde, en premier lieu l’IA, par laquelle nous pourrions gagner du temps dans l’ordonnancement des données. Le diagnostic intégré complexifie les process car chaque spécialité utilise des algorithmes différents pour faire du triage ou de la deuxième lecture. L’IA sera opérationnelle lorsqu’elle sera capable de gérer des bibliothèques bien ordonnées.
Ensuite, nous devrons régler le problème du volume de datas générées, sachant qu’une lame d’anapath pèse 1 à 3 Go. Enfin, L’accès à la data devra être possible pour les staffs de services, mais aussi pour la recherche et l’enseignement, sans avoir à ouvrir des SI différents à chaque fois. Mais le concept est vraiment prometteur et j’invite les congressistes des JFR à venir assister au symposium organisé le 13 octobre de 12h30 à 13h30 pour s’en faire une idée plus précise.
Retrouvez cet article ainsi que les spécificités techniques de la suite logicielle Philips dans notre DOSSIER SPÉCIAL.
Propos recueillis par Bruno Benque