Prévenir la maladie coronaire aigüe par CT-FFR
MARDI 12 SEPTEMBRE 2023
Selon une étude publiée dans la Revue Radiology, le CT-FFR peut identifier le niveau de risque pour les patients souffrant d'angor stable sur trois ans. Cet examen vient compléter le score de calcium dans les artères coronaires de ces patients et peut être un outil de gradation des patients à risque.

Dans l’exploration non-invasive de la maladie coronarienne, la tomodensitométrie cardiaque (coroscanner) sans contraste est généralement réalisée avant l’angioscanner coronaire pour déterminer la quantité de calcium présente dans les artères coronaires.
Quel est le potentiel pronostique de la FFR issue de la tomodensitométrie dans la maladie coronarienne ?
Un score de calcium dans l'artère coronaire de 400 ou plus indique des niveaux élevés de plaque calcifiée. Étant donné que le calcium absorbe une grande partie des rayons X, il peut être particulièrement difficile d’évaluer les images tomodensitométriques coronariennes de patients présentant des quantités élevées de calcium dans les artères coronaires. Dans une étude prospective publiée dans la Revue Radiology, des chercheurs danois ont évalué les résultats cliniques, sur trois ans, de patients ayant fait l’objet d’un coroscanner avec évaluation de la réserve coronaire (Franctional Flow Reserve – FFR) issue de la tomodensitométrie (CT-FFR).
La CT-FFR utilise des images d'angiographie coronarienne, des algorithmes d'IA et la dynamique des fluides virtuelle pour simuler la quantité de sang circulant dans les artères coronaires. « L’angioscanner coronaire est la première étape pour identifier la présence d'une maladie coronarienne, mais elle ne montre pas l'impact sur le flux sanguin dans les artères, précise le chercheur principal, le Pr Kristian T. Madsen, du département de cardiologie de l’hôpital universitaire du sud du Danemark à Esbjerg. Un flux sanguin turbulent peut créer une pression anormale dans le vaisseau qui écrase les plaques coronaires, les rendant sujettes à la rupture."
Une étude montre les bénéfices de la CT-FFR pour la prévention des effets indésirables
L’étude a inclus des patients présentant une forme de maladie coronarienne stable et inscrits à l’essai clinique ADVANCE d’évaluation de la valeur diagnostique du CT-FFR non invasif dans les soins coronariens entre décembre 2015 et octobre 2017 sur trois sites danois. Les facteurs d'éligibilité pour l'essai comprenaient au moins une sténose ou un rétrécissement de l'artère coronaire supérieur à 30 % et l'absence de fibrillation auriculaire ou d’antécédant de revascularisation coronarienne.
Sur les 900 participants, 523 avaient des résultats de CT-FFR normaux (âge moyen 64, 318 hommes) et 377 avaient des résultats de CT-FFR anormaux (âge moyen 65, 264 hommes). Dans le groupe aux résultats normaux, le taux d’effets indésirables sur trois ans (définis comme les décès toutes causes confondues et l’infarctus du myocarde non mortel) était de 2,1 % (11/523). Dans le groupe des résultats anormaux, le taux d’effets indésirables sur trois ans était de 6,6 % (25/377).
Parmi les participants ayant des résultats de CT-FFR normaux et un score de calcium dans l'artère coronaire élevé, le taux d'effets indésirables sur trois ans était de 2,2 % (4/182). Les participants présentant un score calcique élevé dans l'artère coronaire et des résultats CT-FFR anormaux présentaient un taux d'effets indésirables sur trois ans de 9 % (19/212).
Un outil pertinent de gradation des patients à risque
« Notre étude fournit des preuves du potentiel pronostique du CT-FFR chez les patients présentant des scores élevés de calcium dans les artères coronaires, ajoute le Pr Madsen. Indépendamment du risque initial du patient et de l’étendue de la maladie coronarienne mesurée par le calcium des artères coronaires, si les résultats du CT-FFR sont normaux, le pronostic est bon. Le CT-FFR présente des performances diagnostiques élevées et ses résultats sont bien corrélés à la FFR mesurée de manière invasive par coronarographie. »
Dans ce contexte, le CT-FFR pourrait permettre aux cliniciens de diviser la population de patients atteints de maladies coronariennes par niveau de risque et de se concentrer sur l'amélioration du pronostic des patients à haut risque. « Le CT-FFR fournit des informations diagnostiques et pronostiques au-delà de ce qui peut être obtenu par le seul angioscanner sur une large gamme de niveaux de calcium dans les artères coronaires, conclut-il. C’est un outil qui offre de nombreuses perspectives intéressantes pour l’avenir. »
Bruno Benque avec RSNA