Un protocole unique de TDM à comptage photonique pour un maximum de données fonctionnelles
MERCREDI 12 JUILLET 2023
Selon une étude publiée dans Radiology, la technologie de tomodensitométrie à comptage photonique permet une évaluation complète et simultanée de la structure et de la fonction pulmonaires, ce qui n'est pas possible avec la tomodensitométrie standard. Les chercheurs ont créé une procédure à guichet unique pour obtenir un maximum d’informations fonctionnelles.

La tomodensitométrie (TDM) thoracique est l’examen de choix pour l’identification des maladies pulmonaires et leur suivi. Mais pour étudier la fonction pulmonaire ou la perfusion, des protocoles dédiés sont nécessaires.
Un protocole à guichet unique de TDM à comptage photonique pour explorer le poumon
Des chercheurs allemands et hollandais ont développé un protocole d'imagerie thoracique, décrit dans un article de la Revue Radiology, qui fournit des informations sur la structure et la fonction pulmonaires sous la forme d'une procédure à guichet unique qui utilise le comptage photonique. Cette technologie offre une meilleure résolution spatiale et des options d'imagerie spectrale, à partir des données énergétiques des rayons X pour caractériser la composition des tissus.
Les chercheurs ont expérimenté le protocole chez 197 patients présentant divers troubles connus et inconnus de la fonction pulmonaire. Après administration de produit de contraste, une acquisition par scanner à comptage photonique a été réalisée en inspiration, suivie d’une autre en expiration. Chez 166 patients, les chercheurs ont pu acquérir tous les paramètres dérivés du scanner, pour un taux de réussite de 85 %.
Une résolution spatiale significativement améliorée pour de nouvelles applications d’imagerie fonctionnelle
Le protocole a permis une évaluation simultanée de la structure pulmonaire, de la ventilation, de la vascularisation et de la perfusion du parenchyme. Le protocole a montré des avantages par rapport à la tomodensitométrie standard. « L'amélioration du rapport contraste/bruit et de la résolution spatiale des images du volume sanguin pulmonaire a été substantielle, remarque l'auteur principal de l'étude, le Dr Hoen-oh Shin, Professeur de radiologie à l'Institut de radiologie diagnostique et interventionnelle de la faculté de médecine de Hanovre (Allemagne). À mon avis, l'avantage le plus important est la résolution spatiale considérablement améliorée, qui permet de nouvelles applications telles que l'imagerie fonctionnelle des poumons par TDM. »
Le protocole TDM à comptage photonique a d'autres applications prometteuses en imagerie pulmonaire. Il peut fournir une identification préopératoire importante des zones d'emphysème et des défauts de perfusion chez les patients atteints d'hypertension pulmonaire thromboembolique chronique. Après l'opération, le protocole a permis d'évaluer le succès chirurgical et a été utile pour contôler les poumons après les procédures de greffe de poumon ou de cellules souches. Il peut également être utile dans le suivi de la maladie pulmonaire obstructive chronique et dans l'examen des résultats pathologiques dans le tissu pulmonaire.
De nouvelles recherches désormais nécessaires pour assurer la reproductibilité du protocole
Le Dr Shin et ses collègues ont d'abord appliqué le protocole aux patients atteints de maladie pulmonaire interstitielle et ont ensuite élargi les applications pour inclure des patients en post-COVID-19 lorsque la maladie pulmonaire interstitielle a tendance à se développer. Avec le protocole proposé, nous avons également pu répondre à de nombreuses autres questions liées à l'état post-COVID-19, telles que la détection d'embolies pulmonaires aiguës et chroniques sur l’angio-TDM, et nous étudions actuellement si les changements de perfusion peuvent être quantifiés dans les lésions microvasculaires ou les zones inflammatoires », conclut le Dr Shin.
Les chercheurs travaillent désormais à améliorer le temps de traitement et à augmenter la robustesse de la technique. D'autres études sont, d’autre part, nécessaires pour évaluer les répercutions scanographiques de la profondeur de la respiration, ainsi que pour assurer la reproductibilité des mesures.
Bruno Benque avec RSNA