Des coroscanners à ultra-haute résolution spatiale grâce au comptage photonique
MARDI 20 JUIN 2023
La nouvelle technologie de tomodensitométrie à ultra-haute résolution par comptage photonique permet une excellente qualité d'image et un diagnostic précis de la maladie coronarienne chez les patients à haut risque, selon une étude récente publiée dans la revue Radiology. Cette technologie génère un avantage potentiellement important pour les personnes auparavant inéligibles au dépistage non invasif pour ce type d’affection.

Dans l’exploration de la maladie coronarienne, le coroscanner est très efficace pour exclure une maladie coronarienne chez les patients à risque faible ou intermédiaire. Mais dans une population à haut risque il engendre une forte prévalence de calcifications coronaires et de stents, les faisant apparaître plus étendues qu'elles ne le sont réellement et créant des faux positifs.
Le coroscanner à très haute résolution pour explorer les patients à haut risque de maladie coronarienne
« Les patients peuvent subir des tests inutiles, souvent invasifs, remarque l'auteur principal d’une étude allemande publiée dans la Revue Radiology, le Dr Muhammad T. Hagar, du Département de radiologie diagnostique et interventionnelle de l'Université de Fribourg (Allemagne). C'est la raison pour laquelle les directives actuelles ne recommandent pas d'utiliser le coroscanner chez les personnes à haut risque." Le coroscanner à ultra-haute résolution (UHR-CCTA) est un outil prometteur pour l'évaluation non invasive des patients à haut risque de maladie coronarienne. Parce qu'il utilise des tomodensitomètres à comptage photonique récents, il n'a pas encore été étudié de manière approfondie.
Le Dr Hagar et ses collègues ont comparé la précision diagnostique de l'UHR-CCTA avec la coronarographie invasive chez 68 patients qui présentaient une sténose valvulaire aortique sévère. Durant ce travail de recherche, l’UHR-CCTA s’est montrée très sensible et spécifique pour la détection des maladies coronariennes. Elle a fourni un score médian de qualité d'image globale de 1,5 sur l'échelle de Likert à 5 points, où 1 est excellent et 5 est non diagnostique. Près de 80 % des segments sont jugés bons ou excellents.
Une technologie plus irradiante mais dont le potentiel d’amélioration est prometteur
« Les résultats suggèrent que les avantages de l'imagerie non invasive pourraient bientôt être disponibles pour les patients à haut risque, poursuit le Dr Hagar. Il semble que le spectre des patients bénéficiant d'un coroscanner ait été considérablement élargi par la technologie des détecteurs à comptage de photons. C'est une excellente nouvelle pour ces patients et la communauté de l'imagerie."
La haute résolution de l'UHR-CCTA résulte d'un plus grand nombre de photons émis. Cela augmente également l'exposition aux rayonnements par rapport aux tomodensitomètres conventionnels. Cependant, le Dr Hagar note que la technologie en est à un stade très précoce et que les chercheurs développent des méthodes pour réduire la quantité d'exposition aux rayonnements. « Actuellement, la technique est réalisable pour les patients à haut risque, chez qui les avantages l'emportent sur les risques, mais ne devrait pas être appliquée à tous les patients nécessitant une imagerie tomodensitométrique cardiaque. »
Une technologie qui élargit le champ des patients éligibles au coroscanner de qualité
Alors que la tomodensitométrie à comptage photonique est relativement rare dans le monde, les experts prévoient que cette technologie deviendra plus répandue au cours des 10 prochaines années. « À l'Université de Fribourg, nous avons eu le privilège de travailler avec cette technologie depuis son introduction et je suis convaincu qu’elle est le début d'une nouvelle génération de tomodensitomètres, similaire à l'introduction de la tomodensitométrie multicoupe il y a 30 ans, », annonce le Dr Hagar.
Les chercheurs explorent la capacité de diagnostic du scanner à comptage photonique dans d'autres scénarios cliniques tels que l'imagerie oncologique. Dans le domaine de l'imagerie cardiaque, ils élargissent leurs recherches pour inclure des sous-groupes pour lesquels la tomodensitométrie n'est actuellement pas réalisable, comme les patients porteurs de stents coronaires. Ils étudient également l'évaluation du muscle cardiaque par cette technologie qui peut améliorer la résolution des tissus mous.
Bruno Benque avec RSNA