Un risque d'AVC ultérieur accru si le bilan radiologique pour AIT est incomplet
MERCREDI 14 JUIN 2023
Selon un article publié dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), les passages aux urgences pour Accident Ischémique Transitoire (AIT) avec imagerie neurovasculaire incomplète seraient associés à un risque plus élevé d'AVC ultérieur dans les 90 jours. Le protocole d’imagerie comprend ici une angio-IRM ou une angio-TDM ainsi qu’une échographie carotidienne.

L’Accident Ischémique Transitoire (AIT) est une affection très fréquente et associé à un risque accru d'Acident Vasculaire Cérébvral (AVC) ultérieur dû à une vasculopathie cervicale ou intracrânienne. Au total, 7,5 % à 17,4 % des patients atteints d'AIT qui ne reçoivent pas de traitement précoce connaîtront un accident vasculaire cérébral dans les 3 mois suivants.
Établir un lien entre un bilan neuroradiologique incomplet pour AIT et le risque accru de survenue d’un AVC ultérieur
Chez les patients atteints d'AIT, la neuroimagerie précoce joue un rôle essentiel à la fois dans l'établissement du diagnostic et dans l'identification des lésions à haut risque dans les artères intracrâniennes et cervicales qui exposent le patient à un risque d'AVC ultérieur. Les recommandations des sociétés savantes comprennent une IRM cérébrale urgente, avec une tomodensitométrie (TDM) cérébrale comme option secondaire si l'IRM n'est pas facilement disponible ou contre-indiquée, avec angio-IRM ou angiio-TDM pour évaluer le réseau vasculaire cérébral, ainsi qu’une échographie carotidienne.
Des études montrent que la plupart des patients ne reçoivent pas toujours un bilan d'imagerie neurovasculaire complet lors de ces épisodes, 70,1% des patients sortis des urgences avec un AIT et un bilan d'imagerie incomplet, selon l’agence américaine Medicare, ne prenant pas la peine de finaliser ce bilan en externe. Une équipe de chercheurs américains a réalisé une étude sur ce thème, publiée dans l’American Journal of Roentgenology, dont le but était d'évaluer l'association entre le bilan d'imagerie neurovasculaire incomplet lors des passages aux urgences pour AIT et les risques d'AVC ultérieurs.
Angio-IRM ou angio-TDM cérébral accompagné d’une échographie carotidienne
Ils ont émis l'hypothèse que les patients reçus en urgence pour un AIT et qui ne reçoivent pas un examen d'imagerie neurovasculaire complet conforme aux directives dans les 2 jours suivant l'examen ont une incidence plus élevée d'AVC ischémique dans les 90 jours suivants par rapport aux patients qui reçoivent un examen d'imagerie neurovasculaire complet. « L'accès accru à l'imagerie neurovasculaire urgente chez les patients atteints d'AIT peut représenter une cible qui pourrait faciliter la détection et le traitement des facteurs de risque d'AVC », précise le premier auteur de l’étude, le Dr Vincent M. Timpone, du département de radiologie de l'hôpital de l'Université du Colorado à Aurore.
Le Dr Timpone et son équipe ont étudié les données des fichiers analytiques standard de Medicare 2016-2017. Les patients sortis d'un passage aux urgences avec un diagnostic d'AIT - qui ont également subi une tomodensitométrie cérébrale ou une IRM cérébrale pendant ou dans les 2 jours suivant l’épisode - ont ensuite été identifiés. Les patients étaient considérés comme ayant une imagerie neurovasculaire complète s'ils faisaient l’objet d’une angio-IRM ou d’une angio-TDM cérébrale et du cou, voire aussi d’une échographie carotidienne pendant ou dans les 2 jours suivant leur épisode.
Des résultats qui confortent les recommandations des sociétés savantes
Les résultats montrent un total de 37,3 % (69 825/111 417) des consultations d'urgence pour AIT, à l'échelle nationale américaine, de bilans d'imagerie neurovasculaire complets. En tenant compte des caractéristiques du patient et de l'hôpital, un bilan d'imagerie neurovasculaire incomplet était associé à une probabilité accrue d'AVC dans les 90 jours suivant la consultation pour AIT. « Pour s'assurer que les facteurs de risque d'AVC peuvent être identifiés et traités, les patients atteints d'AIT devraient avoir un meilleur accès à l'imagerie neurovasculaire en temps opportun », concluent les chercheurs.
Bruno Benque avec AJR