Les flux de coroscanner optimisés grâces aux TDM double source
LUNDI 06 MARS 2023
Selon une étude coréenne publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), l'utilisation d'un tomodensitomètre à double source (DSCT) pour le coroscanner peut faciliter les processus cliniques en éliminant le besoin d'administrer des médicaments contrôle de la fréquence cardiaque. La qualité d’image n’est pas affectée par ces gains de résolution temporelle les risques d’examens ininterprétables sont diminués.

Le coroscanner est indiqué généralement chez les patients à risque faible à intermédiaire de syndrome coronarien aigu (SCA) qui présentent des douleurs thoraciques aiguës. Dans ce cadre, l'utilisation du coroscanner dans les services d’urgences peut permettre d’y réduire la durée du séjour chez les patients dont les résultats sont négatifs, sans augmenter le risque de futurs événements cardiovasculaires indésirables majeurs.
Des artéfacts qui peuvent conduire à des examens de coroscanner ininterprétables
La qualité d'image du coroscanner est déterminée par plusieurs facteurs, notamment les artefacts, de mouvement ou autre, le Rapport Signal sur Bruit (RSB) et la résolution spatiale. Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour minimiser les artefacts de mouvement pour cet examen, notamment le gating ECG, le contrôle de la fréquence cardiaque (FC) ou l’utilisation d’une modalité dotée d'une résolution temporelle élevée. Parmi ces facteurs, le contrôle pharmacologique de la fréquence cardiaque a toujours été considéré comme nécessaire pour le coroscanner, car une fréquence cardiaque rapide pendant l'examen peut affaiblir le diagnostic.
Mais l'administration de médicaments oraux avant l'acquisition allonge la durée globale de la procédure et peut ainsi retarder la prise en charge globale du patient au service des urgences. Les tomodensitomètres à haute résolution temporelle, tels que les tomodensitomètres à double source (DSCT) contemporains, peuvent réduire les artefacts sur le coroscanner et ont le potentiel de produire une qualité d'image similaire voire meilleure avec une probabilité réduite d'un examen non diagnostique, même sans contrôle médicamenteux de FC. L'utilisation de tels scanners à haute résolution temporelle pourrait donc accélérer le bilan du patient au service des urgences et réduire sa durée de séjour.
Des TDM à haute résolution temporelle pour réduire les temps de prise en charge
Cette évolution fait l’objet d’une étude coréenne publiée dans l’American Journal of roentgenology (AJR), qui se propose de comparer la prise en charge de patients faisant l’objet d’un scanner SSCT avec contrôle de FC avec ceux explorés par un scanner DSCT sans contrôle de FC. Ils ont étudié des critères tels que la durée de séjour aux urgences, la qualité de l'image, la fréquence des examens non diagnostiques et d'autres résultats cliniques.
« Les résultats indiquent le rôle potentiel d'un scanner DSCT à haute résolution temporelle pour aider à accélérer les processus cliniques dans les services d'urgence », explique l'auteur correspondant de l’étude, le Pr Young Joo Suh, de l'Institut coréen de recherche en sciences radiologiques au Centre de données d'imagerie clinique de Séoul (Corée du Sud).
Une étude confirme l’optimisation des prises en charge et la réduction du taux d’examens ininterprétables
Ce travail a inclus 509 patients (âge moyen, 52,1 ans ; 283 hommes, 226 femmes) à risque faible à intermédiaire de syndrome coronarien aigu ayant fait l’objet d’une angioplastie coronarienne pour douleur thoracique aiguë dans un seul service d'urgence pendant les heures ouvrables, du 1er mars 2020 au 25 avril 2022. Au total, 205 patients ont bénéficié initialement d’un coroscanner à source unique (SSCT) à 64 détecteurs avec contrôle de la FC - bêta-bloquants par voie orale -. Suite au remplacement du scanner le 26 avril 2021, 304 patients ont bénéficié d’un coroscanner utilisant un DSCT de troisième génération sans contrôle de la FC.
Les chercheurs ont comparé la durée du séjour aux urgences, ainsi que le temps de réalisation du coroscanner, de la prescription à l'acquisition complète des images, ainsi que la qualité d'image et le taux d’examens ininterprétables dans les comptes rendus. Les résultats n’objectivent aucune différence entre le DSCT sans contrôle de la FC - par rapport au SSCT avec contrôle de la FC - n'a montré aucune différence dans la durée de séjour aux urgences (505 contre 457 minutes), mais un temps de réalisation de l’examen plus court (95 contre 117 minutes), une fréquence plus faible d'examens non diagnostiques (1,6 % contre 6,3 %).
Bruno Benque avec AJR