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Prise en charge urgente de l'AVC : l'Académie de Médecine fait de nouvelles recommandations

05/10/2022
De Bruno Benque

Au travers de son activité de neuroradiologie interventionnelle, l’imagerie médicale française est directement impactée par la prise en charge en urgence des AVC. Un récent rapport de l’Académie nationale de Médecine vient de mettre en lumière les insuffisances de l’organisation de cette prise en charge. À partir d’un constat sans concession, elle émet une série de recommandations visant notamment à équilibrer la présence des UNV sur le territoire et prioriser la neuroradiologie interventionnelle dans les UNV.

Alors que se profile la prochaine Journée internationale de l'AVC, le 29 octobre 2022, l’Académie nationale de Médecine a publié, le 20 septembre 2022, un rapport consacré à la prose en charge en urgence dans les Unités Neuro-Vasculaires (UNV) des personnes atteintes d’un AVC.

Une organisation des soins déjà considérée comme inadaptée aux enjeux de la prise en charge des AVC en 2007

Dans ce document, elle recense les principaux progrès des 30 dernières années dans ce domaine, comme les mesures de reperfusion pour ischémie cérébrale, par thrombolyse intraveineuse (i.v.) et/ou thrombectomie mécanique, la prise en charge en UNV qui augmente les chances de survie sans dépendance ou le bénéfice dû à une meilleure prévention et/ou prise en charge précoce.

Elle s’appuie également sur un rapport de 2007 qui souligne une organisation des soins insuffisamment adaptée aux enjeux de la prise en charge des AVC, et dont trois des quatre recommandations concernant les UNV qui ont été suivies, à savoir la mise en place de 140 UNV à l’horizon 2010 – 138 sont effectives aujourd’hui -, une garantie d’accès prioritaire aux examens d’imagerie médicale et la modification du barème de remboursement des soins hospitaliers, pour tenir compte des fonctions spécifiques assurées dans les UNV - accueil 24h/24, astreintes neurologiques et radiologiques, soins de rééducation précoce -, au travers du supplément soins-intensif.

La France souvent mal classée parmi les pays européens

Pour étayer son travail, elle a utilisé, d’autre part, une enquête de 2019 réalisée auprès des sociétés savantes européennes à laquelle ont participé 44 pays du vieux continent qui a montré que la France se classait seulement 25ème sur 44 pour le nombre d’UNV par million d’habitants -2,2 contre 3,7 pour l’Allemagne -, 21ème sur 44 pour le nombre de thrombolyses i.v. par an par million d’habitants – 124 contre 372 pour l’Allemagne - et 8ème sur 44 pour le nombre de thrombectomies mécaniques par an par million d’habitants – 71 contre 111 pour l’Allemagne -.

Ces dernières données sont certainement à mettre en lien avec une probable meilleure hygiène de vie des français par rapport aux allemands, ce qui limiterait le nombre d’AVC effectifs par an dans l’hexagone. Mais cela reste à prouver.

Les académiciens ont ensuite évalué, au cours d’une enquête, les moyens disponibles dans 138 UNV françaises en 2019. Ils ont observé que de nombreuses UNV sont sous dotées en personnel, que la priorité aux AVC n’est pas toujours formalisée, que les délais de prise en charge intra-hospitaliers sont excessifs - le délai médian admission-injection n’est inférieur à 60 minutes que dans moins de la moitié des centres, que les deux tiers des UNV ne répondent pas à certaines exigences des circulaires ministérielles ou que la situation actuelle se caractérise par des fermetures de lits dans certaines UNV, le plus souvent en raison d’un manque d’IDE, parfois de neurologues.

Une série de nouvelles recommandations pour renforcer l’arsenal thérapeutique en urgence

Ils émettent donc une série de recommandations qui vont dans le sens, notamment, de la création de 75 lits d’USI-NV, pour assurer la prise en charge de 90% des patients hospitalisés pour un AVC, réparties de manière équitable sur le territoire national, le renforcement des UNV existantes peut-être par le regroupement de certaines UNV sous médicalisées pour leur permettre d’assurer la permanence des soins ou l’organisation de la filière AVC par territoires avec environ 3 UNV (dont une avec thrombectomie) pour 1,2 million d’habitants fonctionnant en réseau et reliées par télémédecine. Cela suppose, pour les académiciens, l’ouverture en priorité d’une activité de neuroradiologie interventionnelle (mention A) dans les 14 UNV qui ont déjà le nombre requis de patients éligibles.

Citons également, parmi les autres recommandations, l’augmentation du nombre de neurologues et de neuroradiologues interventionnels en formation pour répondre aux impératifs liés à la permanence des soins l’ajustement des effectifs non médicaux selon les indications du décret n° 2022-694 du 26 avril 2022 relatif aux conditions techniques de fonctionnement de l’activité de soins critique ou la mise en place d’une procédure d’accréditation HAS des UNV en lien avec les sociétés savantes et les associations de malades.

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