Première étude comparative entre le coroscanner à comptage photonique et le coroscanner spectral classique
VENDREDI 06 MAI 2022
La tomodensitométrie à comptage photonique montre des avancées majeures en termes de qualité d’image et de réduction des doses d’irradiation en utilisation pré-clinique. Une étude française publiée dans la Revue Radiology compare, pour la première fois, les images de coroscanner clinique issues de cette technologie avec celles obtenues par scanner spectral classique. Les résultats sont probants et devront être confirmés sur des cohortes plus importantes.

Le coroscanner (CCTA) est désormais l’examen de base pour sa valeur prédictive négative élevée pour la coronaropathie dans une population à risque faible et intermédiaire et pour sa sensibilité et sa spécificité élevées dans une population à risque faible et intermédiaire de syndrome coronarien chronique.
Les promesses pré-cliniques du scanner à comptage photonique
Cependant, le CCTA conventionnel a toujours une résolution spatiale et un contraste des tissus mous limités, ce qui nuit à ses performances diagnostiques pour les petites artères, d’autant qu’il est relativement irradiant. Au cours des 5 dernières années, le scanner à comptage photonique (PCCT) a émergé dans le domaine pré-clinique, permettant d’obtenir une meilleure résolution spatiale, un meilleur contraste des tissus mous ou le bruit. De plus, les détecteurs à comptage photonique (DCP) sont de pixels plus réduits que les détecteurs intégrateurs d’énergie (EID) du scanner spectral classique, ce qui limite l'effet d'empilement et améliore la résolution spatiale de l’ordre de deux à trois fois par rapport au CCTA. Le PCCT a récemment évolué, permettant une application clinique.
Une étude française compare le coroscanner à comptage photonique au coroscanner spectral classique
Une étude française (Hospices Civils de Lyon, CHU Nîmes) publiée récemment dans la Revue Radiology, se propose pour la première fois de comparer les deux technologies en termes de qualité d’image et de confiance diagnostique et d’évaluer les résultats issus du DCP par rapport à l’EID double couche. Dans cette étude prospective, les participants atteints de maladie coronarienne ont subi un CCTA rétrospectif avec gating cardiaque après injection de 65 à 75 ml (400 mg/ml) de produit de contraste iodé à 5 ml/sec sur les deux types de modalités. Une évaluation préalable de la qualité basée sur des tâches fantômes de l'indice de détectabilité des lésions coronaires a été réalisée.
Des paramètres à ultra-haute résolution ont été utilisés pour le PCCT (matrice 1024, épaisseur de section de 0,25 mm) et pour le CCTA (matrice 512, épaisseur de section de 0,67 mm). Trois radiologues cardiaques ont effectué indépendamment une analyse en aveugle en utilisant un score de qualité en cinq points (1 = insuffisant, 5 = excellent) pour la qualité globale de l'image, la confiance diagnostique et la qualité diagnostique des calcifications, des stents et des plaques non calcifiées. Un modèle de régression logistique, ajusté pour les radiologues, a été utilisé pour évaluer la proportion d'amélioration des scores.
Des résultats probants pour ce premier travail de comparaison en utilisation clinique
Quatorze participants consécutifs (12 hommes ; âge moyen, 61 ans ± 17) ont été inclus à ce travail qui a donné des scores de qualité globale et de confiance diagnostique plus élevés avec les images issues du PCCT, en utilisant une intensité de tube moyen de 255 mAs ± 0 contre 349 mAs ± 111 pour les acquisitions par CCTA. Les proportions d'amélioration avec les images PCCT pour la qualité de la calcification, du stent et de la plaque non calcifiée étaient de 100 %, 92 % et 45 %, respectivement. Dans l'étude fantôme, les indices de détectabilité étaient 2,3 fois plus élevés pour la lumière et 2,9 fois plus élevés pour les plaques non calcifiées avec des images PCCT.
Ce travail montre déjà l’impact de la technologie à comptage photonique dans son utilisation clinique par coroscanner ainsi qu’une amélioration de la qualité de l'image et de la fiabilité du diagnostic par rapport à une tomodensitométrie spectrale classique. Des études sur un panel de patients plus important devra confirmer ces premières conclusions.
Bruno Benque avec RSNA