Du nouveau concernant le risque de réaction aux produits de contraste gadolinés
LUNDI 28 FéVRIER 2022
Selon une grande étude s’étendant sur une période de huit ans et publiée dans la revue Radiology, des chercheurs coréens ont étudié les données relatives aux réactions d’hypersensibilité aux produits de contraste gadolinés. Ce travail a trouvé une corrélation entre les réactions dues au GBCA et aux produits iodés et a également confirmé que la prémédication peut réduire le risque chez les patients qui ont déjà eu des réactions au produit de contraste.

Les produits de contraste à base de gadolinium (GBCA) sont réputés comme relativement sûrs, sauf que des études récentes ont signalé plusieurs effets indésirables liés à leur utilisation, notamment des réactions d'hypersensibilité de type allergique, telles que des éruptions cutanées et des bouffées vasomotrices.
Une faible proportion de patients sujets à des réactions au produit de contraste gadoliné
Dans une étude publiée dans la Revue Radiology, le Pr Hye-Ryun Kang, du Département de médecine interne du Séoul National University College of Medicine (Corée du Sud) et ses collègues ont récemment analysé plus de 330 000 cas d'exposition au GBCA chez 154 539 patients sur une période de huit ans à l'hôpital universitaire national de Séoul. Ils ont observé 1 304 cas de réactions d'hypersensibilité de type allergique, soit un taux de 0,4 %. Chez les patients ayant déjà eu une réaction au GBCA, le taux moyen de récidive était de 15 %.
Les réactions d'hypersensibilité aiguës de type allergique, ou celles qui surviennent dans l'heure suivant l'administration du produit de contraste, représentaient 1 178 cas, tandis qu'un nombre beaucoup plus faible de 126 cas décrivait des réactions d'hypersensibilité retardées de type allergique, ou celles qui surviennent au-delà de la première heure et principalement dans une semaine après l'exposition. Le risque de réactions d'hypersensibilité de type allergique aux GBCA était plus élevé chez les personnes ayant des antécédents de réactions similaires aux produits de contraste iodés.
Une corrélation établie entre les réactions au GBCA et au produit de contraste iodé
Traditionnellement, un antécédent d'hypersensibilité aux produits de contraste iodés n'était pas considéré comme un facteur de risque d'hypersensibilité aux GBCA et inversement, en raison des différences chimiques entre les deux. "Les résultats de notre étude remettent en question cette idée, annonce le Dr Kang. Le risque accru peut être le résultat d'une prédisposition sous-jacente aux allergies médicamenteuses chez les patients sensibles, plutôt que de toute réactivité croisée associée à des similitudes structurelles entre les produits de contraste iodés et le GBCA ».
Dans le même ordre d’idées, le risque de réactions d'hypersensibilité aux produits de contraste iodés s’avère également plus élevé chez ceux qui avaient déjà présenté une réaction similaire au GBCA. « Ainsi, les médecins doivent être conscients que les patients ayant des antécédents d'hypersensibilité à l'un des produits de contraste iodés ou GBCA sont plus à risque de développer des réactions d'hypersensibilité à l'autre », a-t-elle poursuivi.
La prémédication, garantie d’un risque de réaction plus faible
L'analyse des données a montré que la prémédication, généralement avec des stéroïdes et des antihistaminiques, et la modification du GBCA ont montré des effets préventifs chez les patients ayant des antécédents de réactions d'hypersensibilité aiguës de type allergique. Les patients qui ont reçu une prémédication avant l'IRM ou qui ont été soumis à une autre GBCA ont présenté un taux de récidive plus faible. Seule la prémédication a réduit de manière significative l'incidence des réactions chez les patients ayant des antécédents de réactions retardées.
Reste que, comme le dit le Dr Kang en conclusion, les examens IRM injectés de GBCA sont inestimables dans le diagnostic et le suivi de diverses maladies, et que le risque global reste faible. « Comme la plupart de ces réactions sont bénignes, nous pensons que les avantages de l'IRM l'emportent sur les risques associés à l'utilisation de GBCA », déclare-t-elle.
Les chercheurs espèrent mener de futures études avec des populations plus importantes afin d'identifier les facteurs de risque possibles et les stratégies préventives efficaces pour les réactions d'hypersensibilité retardée au GBCA.
Bruno Benque avec RSNA