IA en IRM : les HCL innovent
LUNDI 13 DéCEMBRE 2021
Le Service d’imagerie de l’Hôpital Lyon Sud s’est doté de la dernière innovation en IRM de Philips, le SmartSpeed. Le Pr Jean-Baptiste Pialat et son adjoint le Pr Pascal Rousset reviennent pour nous sur les apports de cette technologie qui, associée au Compressed SENSE qui équipe désormais l’ensemble des modalités de la marque, améliore la résolution spatiale, en plus des temps d’acquisition. Ils sont unanimes sur la pertinence de cette innovation dans leur pratique.

Thema Radiologie : Le Service de radiologie au sein duquel vous exercez à l’Hôpital Lyon Sud - Hospices Civils de Lyon – s’est doté des dernières avancées technologiques proposées par Philips en IRM, le Compressed Sense et le Smartspeed. Que vous apportent ces innovations dans votre pratique ?
Pr Jean-Baptiste Pialat : Le Compressed Sense, que nous utilisons depuis quelques années déjà, nous permet un gain de temps significatif dans l’acquisition des images. Spécialisé dans l’imagerie musculo-squelettique, j’apprécie vraiment ce type d’évolution. Un temps d’acquisition plus court me permet, sans perturber outre mesure le planning d’examens, de réaliser des séquences supplémentaires en cas de doute ou d’approfondissement d’un cas diagnostique. D’un autre côté, nous pouvons explorer plus de patients, si nécessaire, en cas de flux de patients plus important.
Pr Pascal Rousset : L’Hôpital Lyon Sud est très spécialisé en oncologie. J’interviens donc le plus souvent, de mon côté, en imagerie viscérale oncologique, gynécologique et digestive avec une forte orientation sur les pathologies péritonéales. Le Compressed Sense nous apporte une aide certaine pour les explorations IRM car nous avons, notamment en oncologie, besoin à la fois de grands champs de vues et d’une précision anatomique dans différentes régions. Le compressed Sense permet ainsi par le temps gagné d’optimiser les séquences pour un meilleur ratio entre la résolution spatiale et celle en contraste.
T. R. : Les ingénieurs Philips ont apporté à cette technologie une amélioration faisant intervenir l’intelligence artificielle, le Smartspeed. Quelles en sont les applications dans votre domaine d’activité ?
Pr J-B. P. : Nous n’utilisons cette innovation que depuis un mois, ce qui nous donne peu de recul. Mais nous pouvons constater déjà les gains en résolution spatiale qu’elle permet d’obtenir. En ostéo-articulaire, c’est spectaculaire. Nous avons fait des tests sur une machine de 1,5T et le rendu est équivalent à une 3T en termes de résolution pour un temps d’acquisition de 2 min 30 au lieu de 4 min 40 avec une 1,5T classique. Nous avons exploré ainsi des genoux, des épaules et des rachis pour la même qualité en un temps record, ou avec un temps équivalent aux séquences initiales mais en améliorant la résolution spatiale. Ainsi, les lésions du petit cartilage, comme le ménisque notamment, apparaissent plus finement.
Pr P.R. : Le Smartspeed peut s’appliquer dans tous mes domaines d’activités. Une donnée intéressante est qu’il peut être modulé en utilisant des filtres – haut, moyen, bas – selon la zone à explorer mais également selon le « confort visuel » attendu du radiologue. J’utilise personnellement pour le pelvis féminin un filtre haut, qui propose une image plus nette, plus « tranchée » ainsi sans trop d’effet lissé. C’est au radiologue d’évaluer, en fonction de son expertise, l’image qui lui convient le mieux et d’ainsi personnaliser son utilisation du module.
T. R. : Vous en êtes donc, aujourd’hui, à la phase de prise en main et d’évaluation de Smartspeed pour votre pratique courante. Quelles sont vos attentes à ce jour eu égard au potentiel déjà observé ?
Pr J.-B. P. : Le gain de temps ou de résolution que nous offre la technologie Smartspeed doit nous faire remettre en question nos acquisitions actuelles et nous pousser à les optimiser. Certaines options ou séquences que nous ne nous autorisions pas à cause d’un temps trop long pourront probablement être utilisées en pratique clinique. Il faudra également voir si cette technique nous permet de progresser sur l’atténuation des artéfacts provenant du matériel chirurgical en ostéo-articulaire.
Pr P. R. : Les résultats obtenus sont en effet très prometteurs. Le rapport signal sur bruit amélioré nous permet d’avoir des coupes plus fines sans perte de signal et donne des informations supplémentaires, soit anatomique pour mieux localiser les lésions, soit lésionnelle en visualisant mieux les lésions, comme récemment sur un bilan de cancer du rectum. Mais nous devons aller plus loin dans l’analyse des besoins, savoir quand utiliser le Smartspeed, avec quel niveau de filtration selon la zone ou les pathologies à explorer, et avec quelle reproductivité selon les patients, pour l’insérer notamment de façon systématique à nos protocoles. Quoiqu’il en soit, après quelques semaines d’utilisation, cette innovation semble d’emblée très pertinente et avec un vrai gain en routine clinique.
Propos recueillis par Bruno Benque