Des cas de myocardite post-COVID-19 chez les athlètes universitaires américains
MERCREDI 01 DéCEMBRE 2021
Un pourcentage faible mais significatif d'athlètes universitaires atteints de COVID-19 développent une myocardite, qui ne peut être observée que sur l'IRM cardiaque, selon une étude présentée lors de la réunion annuelle de la RSNA. Certains athlètes n’avaient en effet pas de symptômes cliniques de myocardite.

Une nouvelle étude vient d’être présentée, sur le champ de l’exploration radiologique des complications du COVID-19, au congrès de la RSNA 2021. Il s’agit de la découverte du développement d’une myocardite chez les jeunes athlètes américains atteints par le virus.
Élaboration d'une base de données d'IRM cardiaque pour des cas de myocardites post COVID-19 chez de jeunes athlètes américains
La myocardite a été liée à pas moins de 20% des morts subites chez les jeunes athlètes. La pandémie de COVID-19 a suscité des inquiétudes quant à une incidence accrue de la maladie chez les étudiants-athlètes. Dans cette nouvelle étude, les cliniciens des écoles de la conférence sportive Big Ten ont collaboré pour collecter des données sur la fréquence de la myocardite chez les athlètes universitaires se remettant d'une infection au COVID-19. Les responsables de la conférence avaient demandé à tous les athlètes atteints de COVID-19 de subir une série de tests cardiaques avant de reprendre le jeu, offrant une opportunité unique aux chercheurs de collecter des données sur leur état cardiaque.
Le Dr Jean Jeudy, professeur et radiologue à la faculté de médecine de l'Université du Maryland à Baltimore, est le responsable principal de l'IRM cardiaque pour le Big Ten Cardiac Registry. Ce registre a supervisé la collecte de toutes les données individuelles des écoles de la conférence Big Ten. Il a ainsi passé en revue les résultats de 1 597 examens d'IRM cardiaque recueillis dans les 13 universités participantes. Il n'y avait pas de biais de sélection pour l'IRM cardiaque, car tous les athlètes COVID-positifs ont subi une batterie complète de tests cardiaques comprenant une IRM cardiaque, un échocardiogramme, un ECG et des tests sanguins, ainsi qu'un historique médical complet.
Des myocardites identifiées à l'IRM sans signes cliniques
Trente-sept de ces athlètes, soit 2,3%, ont reçu un diagnostic de myocardite COVID-19, un pourcentage comparable à l'incidence de la myocardite dans la population générale. Cependant, une proportion alarmante de cas de myocardite a été trouvée chez des athlètes sans symptômes cliniques. Vingt des patients atteints de myocardite COVID-19 (54%) n'avaient ni symptômes cardiaques ni anomalies des tests cardiaques. Seule l'IRM cardiaque a identifié le problème. Les implications des lésions myocardiques post-COVID-19 détectées par IRM cardiaque sont encore inconnues.
« Le principal problème est la présence d'une inflammation persistante et/ou d'une cicatrice myocardique, précise le Dr Jeudy. Chacun d'entre eux peut être une base sous-jacente pour des dommages supplémentaires et un risque accru d'arythmie. » Dans le cadre de l'étude, le Dr Jeudy et ses collègues continuent d'enrichir le registre cardiaque Big Ten pour mieux comprendre. « Nous ne connaissons toujours pas les effets à long terme, poursuit-il. Certains athlètes ont eu des problèmes qui ont été résolus en un mois, mais d’autres présentent des anomalies persistantes sur leur IRM en raison de leur blessure initiale et de leurs cicatrices. Il y a beaucoup de problèmes chroniques avec le COVID-19 sur lesquels nous devons en savoir plus, et j'espère que ce registre pourra être l'un des principaux éléments pour obtenir ces informations. »
Un registre qui promet d'apporter une valeur ajoutée aux examens cardiaques
Ce registre permettra aux chercheurs de regarder au-delà de la présence de signes pathologiques et d'étudier des anomalies de la fonction cardiaque notamment. « Ce sont de jeunes patients, et les effets de l'inflammation du myocarde peuvent potentiellement avoir un impact plus important sur leur vie que chez les patients plus âgés, remarque le Dr Jeudy. C'est pourquoi nous voulons vraiment aller de l'avant et continuer à collecter ces données. »
Les obstacles à l'utilisation généralisée de l'IRM cardiaque chez les athlètes universitaires sont importants, notamment le coût de l’examen ainsi que le manque d'accès aux modalités permettant des fonctions avancées de l'IRM dans de nombreux centres. Mais, comme le montre la nouvelle étude, l'IRM cardiaque ajoute une valeur considérable aux examens cardiaques. « Le rôle de l'IRM cardiaque comme outil de dépistage dans cette population doit être exploré conclut le Dr Jeudy. La réalité est qu'il y a un petit pourcentage de cas où nous savons que les athlètes ont un risque accru de mort subite, et l'utilisation de l'IRM cardiaque augmentera le nombre de joueurs identifiés. »
Bruno Benque avec RSNA