La cocaïne, facteur de risque majeur pour la maladie coronarienne
MARDI 16 FéVRIER 2021
La radiomique permet de mieux comprendre comment la consommation de cocaïne et d'autres facteurs de risque affectent l'évolution de la maladie coronarienne, selon une étude publiée dans Radiology. Les chercheurs ont déclaré que l'étude montre le pouvoir de la radiomique pour améliorer la compréhension non seulement des maladies cardiovasculaires, entre autres.

La maladie coronarienne se développe généralement avec le temps à mesure que la plaque d’athérome s'accumule dans les artères. Ce processus, connu sous le nom d'athérosclérose, peut éventuellement conduire à des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.
Des sténoses coronariennes aux impacts différents selon le type de patient
Historiquement, les techniques d'imagerie comme la coronarographie ont fourni des informations sur l'athérosclérose en décrivant le degré de sténose ou de rétrécissement des artères coronaires. Bien que les mesures de la sténose soient utiles, elles ne sont pas toujours le moyen le plus précis d'évaluer le risque d'un événement indésirable comme un infarctus du myocarde. Une étude publiée dans la Revue Radiology tente d’évaluer les apports de la radiomique pour prédire ce risque.
« Certaines personnes ont des sténoses coronariennes à 90% et se portent bien, tandis que d'autres sténosés à 40-50% meurent soudainement sans avertissement, remarque l'auteur principal de l'étude, le Dr Shenghan Lai, professeur d'épidémiologie et de Santé publique à Institute of Human Virology at the University of Maryland School of Medicine et au Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health de Baltimore. Cela montre que, non seulement la sténose, mais également la nature de la plaque elle-même peuvent jouer un rôle très important dans l'évaluation des risques. »
La radiomique pour analyser l’évolution de la plaque d’athérome dans le temps
La radiomique est capable d’aller au-delà du volume de la plaque et peut caractériser une multitude d’informations apparentes dans l'image mais non visibles à l'œil nu. Pour effectuer une étude radiomique, les images sont explorées par un algorithme qui analyse des milliers de fonctionnalités pour une évaluation des risques plus complète. Dans cette nouvelle étude, le Pr Lai, le Pr Márton Kolossváry, un pionnier dans l'utilisation de la radiomique en imagerie cardiovasculaire, et leurs collègues ont cherché à savoir si différents facteurs de risque cardiovasculaire ont des contributions distinctives aux changements de la plaque au fil du temps. Les facteurs de risque pris en compte dans ce travail sont la consommation de cocaïne et l’infection au VIH.
Le groupe d'étude comprenait 300 personnes atteintes d'une coronaropathie subclinique, ou d'une maladie pas encore assez grave pour présenter des symptômes, comme confirmé par coronarographie. Les changements dans 1 276 caractéristiques radiomiques ont été analysés sur une moyenne de suivi de quatre ans. Les données sont tirées de la Heart Study, une enquête longitudinale sur les effets du VIH et de la cocaïne sur la coronaropathie subclinique, qui a été financée par le National Institute on Drug Abuse pendant 21 années consécutives.
La consommation de cocaïne, un facteur de risque important de la maladie coronarienne
Les résulktats ont montré que ces facteurs de risque ont chacun des effets différents sur les changements de l'athérosclérose coronarienne au fil du temps. La consommation de cocaïne semble significativement associée à près d'un quart des caractéristiques radiomiques. L'infection à VIH, quant à elle, n'est liée qu'à un peu plus de 1% des caractéristiques radiomiques. L'étude a également révélé que l'infection à VIH avait un effet plus profond sur la maladie coronarienne chez les individus plus jeunes. « La consommation de cocaïne joue un rôle important dans la pathogenèse de la maladie coronarienne, conclut le Dr Lai. Les utilisateurs de cocaïne séropositifs devraient s'abstenir de consommer de la cocaïne pour réduire le risque de maladie coronarienne. »
Bruno Benque avec RSNA