Le large spectre de pathologies cérébrales liées au COVID-19
MERCREDI 05 AOûT 2020
Une étude suédoise rapporte un large spectre de pathologies neurologiques liées au COVID-19. Dans la Revue Radiology, les chercheurs ont identifié des anomalies en majorité vasculaires et inflammatoires.

Comme nous l’avons déjà décrit dans nos colonnes, des complications neurologiques de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) ont été découvertess, mais la compréhension de leur physiopathologie et de leurs corrélations neuroanatomiques reste limitée.
Une étude rétrospective suédoise sur 185 patients COVID-19 explorés en imagerie
C’est pour répondre à ces interrogations qu’une équipe suédoise a souhaité rendre compte de la fréquence et du type de pathologies neuroradiologiques identifiées dans un contexte de COVID-19. Dans une étude rétrospective publiée dans la Revue Radiology, tous les patients adultes hospitalisés consécutifs présentant une positivité à la PCR pour le SRAS-CoV-2 et subissant un examen de neuroimagerie à l'hôpital universitaire de Karolinska entre le 2 mars et le 24 mai 2020, ont été inclus. Tous les examens ont été systématiquement réévalués par 12 lecteurs et des statistiques descriptives sommaires ont été calculées.
Les chercheurs ont ainsi trouvé quelques 185 patients atteints de COVID-19 (62 ± 14 ans, 138 hommes) qui ont fait l’objet d’un examen de neuroimagerie, soit, au total, 222 tomodensitométries cérébrales, 47 IRM cérébrales et 7 IRM de la colonne vertébrale. Des anomalies intra-axiales apparaissaient le plus fréquemment (29 sur 39 [74%, 95% -CI 58–87%]) chez les patients présentant une IRM cérébrale, souvent de forme ovoïde évoquant une pathologie microvasculaire, et avec une prédilection dans le corps calleux (23 sur 39, [59%, 95% -CI 42–74%]) ou dans les zones juxtacorticales (14 sur 39, [36%, IC à 95% 21-53%]).
Des manifestations neurologiques variées, vasculaires et inflammatoires principalement
Des manifestations ischémiques et macrohémorragiques ont également été observées, mais l'imagerie vasculaire n'a pas révélé d'anomalies manifestes. L'IRM de perfusion de contraste chez 19 patients n'a pas révélé d'asymétries cohérentes entre les hémisphères ou les régions. De nombreux patients (18 sur 41 [44%, 95% -CI 28–60%]) avaient une leucoencéphalopathie et un patient avait une lésion cytotoxique du corps calleux. Les autres résultats faisaient état d’anomalies du signal du bulbe olfactif (7 sur 37, 19%), des espaces sous-arachnoïdiens du nerf optique proéminents (20 sur 36, 56%) et une opacification du parenchyme (3 sur 20, 15%), des leptoméninges (3 sur 20, 15%), des nerfs crâniens (2 sur 20, 10%) et des les nerfs spinaux (2 sur 4, 50%). Lors du suivi IRM, une régression de la leucoencéphalopathie et un rehaussement leptoméningé progressif ont été observés chez un patient, évocateurs de processus dynamiques.
C’est donc un large spectre d'atteintes vasculaires et inflammatoires du système nerveux central et périphérique que les patients atteints de COVID-19 présentaient dans cette étude, même si les auteurs reconnaissent certains biais relatifs à toutes les études rétrospectives.
Bruno Benque avec RSNA