SEP: les axes de recherche spécifiques du programme DHUNE
MERCREDI 15 MAI 2019
Les recherches sur la compréhension de la SEP avancent. Le Pr Jean Pelletier (AP-HM), revient pour nous sur les travaux du programme DHUNE pour expliquer la remyélénisation afin mieux réparer les lésions et pour tenter d'identifier la maladie plus en amont.

À l'approche de la Journée internationale de la Sclérose En Plaques (SEP), nous souhaitions ici donner la parole au Pr Jean Pelletier, Chef du Service de Neurologie et de l'Unité Neuro-Vasculaire de l'Hôpital de la Timone (AP-HM), sur les avancées obtenues récemment par DHUNE, le processus pluridisciplinaire dédié aux maladies neuro-dégénératives (Alzheimer, Parkinson, SLA, SEP, Huntington).
Mieux comprendre la démyélinisation et le remyélénisation
L'action de DHUNE pour la SEP se place selon deux approches. Un protocole IRM de suivi des lésions démyélinisantes et de leur réparation a tout d'abord été développé. "Nous essayons de mieux comprendre la démyélinisation et la remyelinisation à l’aide d’une nouvelle technique d’imagerie IRM de transfert d’aimantation, précise le Pr Pelletier. Une étude est en cours dans notre centre clinique et IRM qui est intégré au programme DHUNE, avec 30 patients qui bénéficient d’une IRM tous les 2 mois, nous permettant de suivre les lésions, leur évolution et leur possible réparation." Pour compléter cette approche, l’équipe de recherche fondamentale du docteur Pascale Durbec a montré que des cellules souches immatures de cerveaux de modèles animaux atteints de sclérose en plaques étaient capables de se différencier vers des cellules réparatrices de myéline. Cette découverte semble prometteuse car ces cellules souches existent dans le cerveau adulte.
Identifier la maladie plus tôt grâce à l'IRM 7T
DHUNE s'attache, selon une seconde approche, à comprendre ce qui se passe en tout début de la maladie. Le Pr Pelletier évoque ainsi l'aide apportée par la modalité d’IRM 7T installée au CEMEREM, la seule qui existe en France pour l’application clinique et qui permet de déceler des lésions invisibles sur des machines moins puissantes. "Lorsque les premiers symptômes s’expriment chez le patient, dans 70% des cas, l’imagerie montre l’existence de lésions anciennes, ce qui indique que la maladie a démarré des mois ou des années plus tôt. Avec les équipes des CHU de Nice, Montpelier et Nîmes, nous avons élaboré un protocole de suivi de patients qui sont au tout début de la maladie, qui ont fait
une première poussée mais dont l’IRM est normale en dehors de la lésion qui rend compte de cette première poussée", poursuit-il Ce nouveau protocole a démarré début 2019 et prévoit d’inclure 30 patients.
Nous l'avons compris, les recherches à moyen terme sur la compréhension de la remyélinisation seront primordiales pour agir sur la réparation surtout lorsque les dégâts sont inévitables. "Nous avons fait beaucoup de progrès pour bloquer les poussées et l’évolution de la maladie qui est très hétérogène, mais actuellement nous ne sommes pas capables de réparer certaines séquellesn conclut le Pr Pelletier. Le challenge des années à venir est de mieux comprendre les processus en jeu pour réparer les séquelles en continuant la recherche à l’aide de nouvelles techniques permettant d’imager la dynamique des lésions."
Voir l'interview dans son intégralité ICI.
Bruno Benque