L'humour dans le soin comme sujet de mémoire d'un MERM
LUNDI 06 FéVRIER 2017
L’humour dans la relation de soins est le sujet qu’a choisi Étienne Cordier pour son travail de fin d’études de MERM. Il présentera, aux Journées scientifiques AFPPE ainsi qu’à l’ECR, son mémoire, pour lequel il a reçu le 1er Prix de la Fondation MACSF.

Étienne Cordier est un jeune manipulateur qui a obtenu son DTS en 2016. À l'issue de ses trois années d'études à l'Institut Supérieur de Technologie de Montplaisir à Valence, il décide d'intégrer le Master de physique médicale à Grenoble qu'il suit aujourd'hui.
Un travail de fin d'études sur l'humour dans la relation de soins
Il a choisi, comme sujet de mémoire de fin d'études de manipulateur, d'étudier l'humour dans les relations de soins. "J'aimais bien blaguer avec les patients pendant mes périodes de stages, précise-t-il. Je trouve que, dans le cursus de manipulateur, on s'attarde beaucoup sur la technique - c'est un peu normal, n'est-ce pas ? – mais peu du relationnel avec les patients. L'humour n'est pas théorisable pour pouvoir l'enseigner, j'en conviens, c'est pourquoi j'ai posé la question, dans mon mémoire, s'il fallait considérer l'humour comme inné ou acquis." Pour traiter de cette thématique peu banale pour ce type de cursus, il envoie un questionnaire à quelques 640 soignants et 410 étudiants paramédicaux pour réaliser une étude descriptive de cet échantillon.
Un taux de réponses significatif pour un sujet atypique
"Mon questionnaire avait une partie quantitative, par des questions fermées, et une partie qualitative avec des questions ouvertes, poursuit-il. J'ai obtenu 91 réponses à ce second questionnaire pour lequel le temps de réponse était assez long. J'ai pu constater que certains manipulateurs considéraient l'humour comme inné et il ne pouvait pas faire l'objet d'un apprentissage. D'autres ont répondu qu'un apprentissage était possible, mais en formation continue car ils considéraient qu'une certaine expérience du métier était souhaitable." Encouragé par un nombre significatif de réponses, il décide, sur les conseils de sa directrice de mémoire Sophie Lantheaume, Docteur en psychologie, d'extrapoler son étude à tous les MERM de France et réaliser des statistiques non plus descriptives mais inférentielles.
Des soignants plus productifs dans des ambiances détendues ou joyeuses
Il s'attache les services d'un statisticien pour réaliser une analyse formalisée des réponses qu'il reçoit et tire de ces données les fonctions positives et les fonctions négatives de l'humour dans le soin. Pour le positif, on retiendra l'humour comme mécanisme de défense ainsi qu'un moyen fort pour établir une relation de confiance avec le patient. "Peu de fonctions négatives ont été rapportées dans mon étude, remarque-t-il. Les soignants ont tout de même fait ressortir que l'humour devait être utilisé avec parcimonie, pour ne pas empiéter sur la dignité des patients. Toutefois, dans des ambiances spécifiques en oncologie et en radiothérapie, ils ont témoigné d'un humour initié par les patients eux-mêmes. D'autre part, les soignants qui ont répondu à mon enquête affirment être plus productifs dans une ambiance détendue ou joyeuse."
Un agenda très chargé dans les prochaines semaines
Il ressort de cette étude que l'humour est, chez les étudiants comme chez les professionnels, une valeur personnelle, mais aussi professionnelle et Étienne arrive à la conclusion qu'une formation à l'humour auprès des manipulateurs en initial ou en continu serait possiblement pertinente. "Des initiatives ont vu le jour ces dernières années sur ce thème, conclut-il. Cela s'appelle la gélothérapie (thérapie par le rire) sous forme de séances de yoga du rire, de méditation par le rire. C'est ce que font par exemple les clowns que l'on croise de temps en temps dans les services de pédiatrie."
Étienne présentera son travail lors des prochaines Journées scientifiques de l'AFPPE en mars 2017. Auparavant, il en aura fait de même lors de l'European Congress of Radiology (ECR), pour lequel son sujet a été retenu. Puis, le 3 avril 2017, il recevra le 1er Prix de la Fondation MACSF, catégorie paramédicale, lors d'une cérémonie organisée à l'ISTM de Valence.
Propos recueillis par Bruno Benque