Parkinson : identification de la déficience cognitive par IRM

Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson et de troubles cognitifs résentent des perturbations dans leurs réseaux cérébraux qui peuvent être identifiés en IRM, selon une étude publiée en ligne dans la revue Radiology.

Une déficience cognitive légère secondaire à la maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson (MP) est un trouble progressif du système nerveux central caractérisé par des tremblements souvent accompagnés de raideur des membres, ainsi qu'une perte d'équilibre et de coordination. Elle touche environ 10 millions de personnes dans le monde. À mesure que la maladie évolue, de nombreux patients développent une déficience cognitive légère (MCI) et un déclin des capacités cognitives, y compris de la pensée, de la mémoire ou du langage. La MCI peut être identifiée chez environ 25% des patients nouvellement diagnostiqués avec une progression plus fréquente vers la démence que chez les patients aux performances cognitives normales.

La tractographie de diffusion IRM pour étudier les réseaux neuronaux
Pour cette nouvelle étude, l'investigateur principal, le Dr Massimo Filippi, de l'unité de recherche en neuro-imagerie à l'Institut San Raffaele à Milan, les co-auteurs, le Dr Federica Agosta et le Dr Sebastiano Galantucci, ainsi que d'autres praticiens ont utilisé la technique d'IRM appelée tractographie de diffusion pour rechercher des différences dans les réseaux neuronaux de patients souffrant de MP avec ou sans MCI. De plus en plus, le cerveau humain est considéré comme un réseau intégré qui a des composantes à la fois structurelle et fonctionnelle. En appliquant un outil analytique appelé analyse graphique aux résultats d'imagerie, les chercheurs peuvent mesurer les relations parmi les données hautement connectées et complexes mises en oeuvre dans le réseau de connexions du cerveau humain.

La diffusion de l'eau dans la substance blanche comme indicateur de MCI
"La déficience cognitive dans la maladie de Parkinson est l'une des principales complications non motrices de la maladie, ainsi que l'une des principales préoccupations des patients et des soignants au moment du diagnostic, précise le Dr Agosta. L'étude des changements liés à la déficience cognitive dans la MP est impérative afin de pouvoir répondre aux questions des patients et être ainsi en mesure de prédire le développement futur de cette pathologie." Le groupe d'étude était composé de 170 patients atteints de la MP, dont 54 avec MCI, 116 sans MCI et 41 témoins sains. L'analyse des résultats d'imagerie a montré que seuls les patients atteints de MCI avaient des altérations significatives au niveau du réseau cérébral. Les mesures du mouvement et de la diffusion de l'eau dans le cerveau, un indicateur de l'état du transfert du signal dans la substance blanche, ont différencié les patients atteints de la MP avec MCI des témoins sains ou des patients ne présentant pas de MCI, avec une bonne précision. 

Établir une relation entre les anomalies fonctionnelles et structurelles
Les chercheurs ont indiqué que les résultats montrent que la déficience cognitive dans la MP est probablement la conséquence d'une perturbation des réseaux complexes du cerveau structurel, plutôt que de la dégénérescence des faisceaux individuels de la matière blanche. Ces résultats peuvent ainsi offrir des marqueurs pour différencier les patients atteints de MP avec et sans déficits cognitifs, selon le Dr Agosta. "S'ils sont confirmés et répliqués par d'autres études, ces résultats suggéreraient l'utilisation de l'IRM dans les cas de MP pour venir en aide aux cliniciens dans le suivi de la maladie et dans la prédiction de complications cognitives", remarque-t-elle. Les chercheurs ont donc obtenu des données d'IRM fonctionnelle sur des patients au repos. Ils envisagent maintenant d'étudier les altérations fonctionnelles associées à l'atteinte cognitive dans la MP et la façon dont les anomalies structurelles et fonctionnelles sont liées entre elles.

Cette étude fait partie d'une collaboration internationale entre l'Institut Scientifique San Raffaele et la Clinique de Neurologie de l'Université de Belgrade, en Serbie, dirigée par le Dr Vladimir Kostic.