La TDM à comptage photonique à ultra-haute résolution déclasse les lésions calcifiées
MARDI 27 FéVRIER 2024
Selon une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, un détecteur à comptage photonique à ultra-haute résolution spatiale améliore l'évaluation de la maladie coronarienne, permettant une reclassification inférieure de la maladie chez 54 % des patients. La technologie a le potentiel d’améliorer la prise en charge des patients et de réduire les interventions inutiles.

Le coroscanner a une valeur diagnostique limitée chez les patients présentant des calcifications sévères ou une accumulation de calcium dans la plaque d’athérome coronarienne.
Les calcifications coronariennes sous le feu de la TDM à comptage photonique à très haute résolution
Le scanner à comptage photonique à très haute résolution spatiale (TDM-CPUHR) améliore la qualité de l'image par rapport au scanner conventionnel, notamment grâce à. une meilleure résolution spatiale ou la possibilité de différencier deux structures adjacentes comme étant distinctes l'une de l'autre. Une nouvelle étude américaine, publiée dans la Revue Radiology, a récemment exploré ce domaine.
« Notre étude donne un aperçu de l'impact potentiel de la réalisation d'une angiographie coronarienne par tomodensitométrie à l'aide d'une technologie à très haute résolution spatiale sur la reclassification des risques et les examens recommandés en aval », remarque le co-auteur de l'étude, le Dr Tilman Emrich, radiologue au centre médical universitaire de Mayence (Allemagne) et professeur adjoint de radiologie à l'Université médicale de Caroline du Sud à Charleston (USA).
Comparaison entre une exploration in vitro et un examen en conditions réelles
Pour cette étude, les chercheurs ont évalué les sténoses coronaires dans un vaisseau fantôme (in vitro) contenant deux degrés de sténose différents (25 %, 50 %), et rétrospectivement chez 114 patients (in vivo) ayant fait l’objet d’une TDM-CPHR cardiaque pour l'évaluation de la maladie coronarienne. Les valeurs in vitro ont été comparées aux spécifications du fabricant du fantôme et les résultats des patients ont été évalués en rapport avec le système de reclassification de données (CAD-RADS).
« L'étude a utilisé une combinaison de modèles de vaisseaux artificiels et de données réelles sur les patients, poursuit le Dr Emrich. Nous avons simulé trois types de reconstructions à partir d’une seule TDM-CP, à haute résolution et à ultra-haute résolution spatiale. Les observateurs ont évalué la gravité de la sténose et généré des classifications CAD-RADS, guidant ainsi les décisions de prise en charge des patients.
Les lésions identifiées souvent reclassées ç un niveau inférieur de CAD-RADS
Les résultats in vitro ont démontré une surestimation réduite de la sténose par les analyses à ultra haute résolution spatiale en réduisant les effets indésirables des calcifications sur l'image. En revanche, les résultats sur les patients présentant une maladie coronarienne suspectée ou diagnostiquée ont confirmé un degré médian de sténose des plaques calcifiées plus faible (29% contre 42%) avec la TDM-CPUHR par rapport à la TDM standard.
L’ultra-haute résolution spatiale a souvent conduit à reclasser les patients dans une catégorie CAD-RADS inférieure. Sur les 114 patients, 54% ont reçu une classification CAD-RADS inférieure à celle qui leur avait été initialement attribuée. Les chercheurs ont découvert que la quantification in vitro des 193 sténoses basées sur l'angiographie coronarienne était également plus précise en utilisant une ultra-haute résolution spatiale par rapport à la résolution standard.
Un travail qui nécessite une validation en conditions réelles
« Nous avons constaté que les reconstructions à très haute résolution spatiale entraînaient des changements significatifs dans les recommandations pour plus de 50 % des patients, ajoute le Dr Emrich. L'impact a été particulièrement notable dans les cas de plaques calcifiées, où la très haute résolution spatiale a réduit la surestimation de la sténose. Cela pourrait modifier considérablement les recommandations relatives aux examens en aval et ainsi réduire les procédures. »
Aucun avantage substantiel de l’ultra-haute résolution spatiale n’a toutefois pas été observé pour les plaques mixtes et non calcifiées lors de cette étude de simulation qui bnécessite une validation plus approfondie en conditions réelles.
Bruno Benque avec RSNA