RSNA 2023 : Une procédure de TDM interventionnelle pour rétablir le goût après un COVID long
MARDI 21 NOVEMBRE 2023
Dans la série d’articles qui seront présentés au RSNA 2023, voici une étude présentant le bloc ganglionnaire stellaire comme traitement de la parosmie chez les patients sujets au COVID long. Les chercheurs ont pratiqué cette procédure mini-invasive guidée par tomodensitométrie.

La perte d’odorat est un symptôme connu du COVID-19. Des recherches récentes ont révélé que jusqu’à 60 % des patients atteints du COVID-19 ont été touchés et que certains patients atteints d’un long COVID continuent de présenter ces symptômes pendant des mois, voire des années après l’infection, ce qui a un impact négatif sur leur appétit pour la nourriture et sur leur qualité de vie globale.
Une perte de goût et d’odorat très souvent accompagnatrice de COVID long
« La parosmie post-COVID est courante et de plus en plus reconnue, annonce l'auteur principal de l'étude, le Dr Adam C. Zoga, professeur de radiologie musculo-squelettique à Jefferson Health de Philadelphie (Pennsylvanie – USA). Les patients peuvent développer un dégoût pour les aliments et les boissons qu'ils appréciaient auparavant. » La perte d’odorat (fantosmie) peut également affecter la perception des odeurs, ce qui amène les patients qui en sont atteints à détecter des odeurs (nauséabondes ou agréables) qui ne sont pas présentes dans leur environnement.
Pour évaluer un traitement possible pour les patients atteints de parosmie post-COVID à long terme, les chercheurs ont examiné les avantages potentiels d’une procédure de bloc ganglionnaire stellaire guidé par tomodensitométrie (TDM). Ce traitement mini-invasif a été utilisé avec plus ou moins de succès pour traiter notamment les céphalées en grappe, les syndromes de Raynaud et de Ménière, l’angine de poitrine ou l’arythmie cardiaque. Les ganglions stellaires font partie du système nerveux autonome.
Une étude teste le bloc ganglionnaire stellaire pour traiter la parosmie
Pour le bloc ganglionnaire stellaire, l’équipe de recherche a donc injecté un anesthésique directement dans le ganglion stellaire d’un côté du cou pour stimuler le système nerveux autonome régional. La procédure mini-invasive prend moins de 10 minutes et aucune sédation ni analgésie intraveineuse n’est nécessaire. « La parosmie a déjà été signalée comme un trouble rare survenant après un traumatisme cérébral, une chirurgie cérébrale, un accident vasculaire cérébral, des syndromes viraux et certaines tumeurs de la tête et du cou, ajoute le Dr Zoga. Nous n'étions pas entièrement sûrs que la procédure fonctionnerait pour la parosmie. »
Dans le cadre de cette étude, 54 patients ont été proposés par un spécialiste ORL, après au moins six mois de parosmie post-COVID résistante aux thérapies pharmaceutiques et topiques. Le guidage TDM a été utilisé pour positionner une aiguille spinale à la base du cou pour l'injection dans le ganglion stellaire. Les chercheurs ont ajouté une petite dose de corticostéroïde à l’anesthésique dans la préparation pharmacologique, soupçonnant que le virus du COVID pourrait provoquer une inflammation nerveuse.
« Le patient initial a eu un résultat extrêmement positif, presque immédiatement, avec une amélioration continue, jusqu'à la disparition des symptômes au bout de quatre semaines, remarque le Dr Zoga. Nous avons été surpris par certains résultats, notamment une réduction proche de 100 % de la fantosmie chez certains patients, tout au long de l'essai. »
Une injection controlatérale à distance pour amékiorer encore les premiers résultats
Un suivi a été obtenu pour 37 patients (65 %), 22 (59 %) des 37 signalant une amélioration des symptômes une semaine après l'injection. Parmi ces 22, 18 (82 %) ont signalé une amélioration progressive significative un mois après l'intervention. À trois mois, il y avait une amélioration moyenne de 49 % des symptômes (plage de 10 % à 100 %) parmi les 22 patients.
Vingt-six patients sont revenus pour une deuxième injection controlatérale de leur cou après au moins six semaines d'intervalle. Bien que la deuxième injection n'ait pas été efficace chez les patients qui n'ont pas répondu à la première injection, 86 % des patients ayant signalé une certaine amélioration après la première injection ont signalé une amélioration supplémentaire après l'injection controlatérale. Aucune complication ou événement indésirable n’a été signalé. Un espoir certain pour les patients sujets au COVID long.
Bruno Benque avec RSNA