RSNA 2023 : liens entre volume de graisse viscérale et risque de démence
LUNDI 20 NOVEMBRE 2023
Dans la série d’articles qui seront présentés au RSNA 2023, voici l’étude réalisée par des chercheurs du Mallinckrott Institute of Radiology de St-Louis sur les liens entre la présence de graisse viscérale et le risque de démence. Cet article met en lumière la pertinence de la recherche par IRM de la graisse viscérale à partir de quarante ans.

Selon l’Alzheimer’s Association, plus de 6 millions d’Américains vivent avec la maladie d’Alzheimer. D’ici 2050, ce nombre devrait atteindre près de 13 millions si les solutions thérapeutiques n’évoluent pas significativement d’ici là.
Une étude tente d’approfondir le lien entre l’indice de masse corporelle et le risque de démence
Pour tenter d'identifier plus tôt les risques de maladie d'Alzheimer, des chercheurs du Mallinckrodt Institute of Radiology (MIR) de la Washington University School of Medicine (St. Louis – USA) ont évalué l'association entre les volumes cérébraux obtenus en IRM et l'absorption d'amyloïde et de tau sur des TEP, l'indice de masse corporelle (IMC), l'obésité, la résistance à l'insuline et la graisse abdominale de tissus dans une population d'âge moyen cognitivement normale.
« Même si d'autres études ont établi un lien entre l'IMC et l'atrophie cérébrale ou même un risque plus élevé de démence, aucune étude antérieure n'a établi un lien entre un type spécifique de graisse et la protéine de la maladie d'Alzheimer chez les personnes cognitivement normales, précise l'auteur de l'étude, le Dr Mahsa Dolatshahi, chercheur postdoctoral au MIR. Des études similaires n'ont pas étudié le rôle différentiel de la graisse viscérale et sous-cutanée, notamment en termes de pathologie amyloïde d'Alzheimer, sur des patients de quarante ans. »
La mesure de graisse viscérale comme prédicteur d’un risque d’Alzheimer accru
Pour cette étude transversale, les chercheurs ont analysé les données de 54 personnes en bonne santé cognitive, âgés de 40 à 60 ans, avec un IMC moyen de 32. Les participants ont subi des mesures de glucose et d'insuline, ainsi que des tests de tolérance au glucose. Le volume de graisse sous-cutanée et de graisse viscérale a été mesuré par IRM abdominale. L’IRM cérébrale a mesuré l’épaisseur corticale des régions cérébrales touchées par la maladie d’Alzheimer et le TEP a été utilisé pour examiner la pathologie de la maladie chez un sous-ensemble de 32 participants, en se concentrant sur les plaques amyloïdes et les enchevêtrements de tau qui s’accumulent dans la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs ont découvert qu’un rapport graisse viscérale ou sous-cutanée plus élevé était associé à une absorption plus élevée du traceur amyloïde PET dans le cortex précuneus, la région connue pour être affectée précocement par la pathologie amyloïde dans la maladie d’Alzheimer. Cette relation était pire chez les hommes que chez les femmes. Les chercheurs ont également découvert que des mesures plus élevées de graisse viscérale sont liées à une charge accrue d’inflammation dans le cerveau.
Les sécrétions inflammatoires de la graisse viscérale à l’origine des mécanismes de démence
« Plusieurs mécanismes sont suggérées pour jouer un rôle dans ce cas, ajoute le Dr Dolatshahi. Les sécrétions inflammatoires de graisse viscérale, par opposition aux effets potentiellement protecteurs de la graisse sous-cutanée, peuvent entraîner une inflammation du cerveau, l'un des principaux mécanismes contribuant à la maladie d'Alzheimer. » L'auteur principal, le Dr Cyrus A. Raji, professeur agrégé de radiologie et de neurologie et directeur de l'imagerie par résonance neuromagnétique au MIR, précise que les résultats ont plusieurs implications clés pour un diagnostic et une intervention plus précoces : « Cette étude met en évidence un mécanisme clé par lequel la graisse cachée peut augmenter le risque de maladie d'Alzheimer, annonce-t-il. Cela montre que de tels changements cérébraux se produisent en moyenne dès l'âge de 50 ans, jusqu'à 15 ans avant l'apparition des premiers symptômes de perte de mémoire de la maladie d'Alzheimer ».
Ces résultats pourraient indiquer la graisse viscérale comme cible thérapeutique pouvant modifier le risque d’inflammation cérébrale et de démence futures. « En allant au-delà de l'indice de masse corporelle, notamment en caractérisant mieux la répartition anatomique de la graisse corporelle sur l'IRM, nous comprenons désormais mieux pourquoi ce facteur peut augmenter le risque de maladie d'Alzheimer, conclut le Dr Raji. »
Bruno Benque avec RSNA