Quels sont les facteurs d'erreur médicale en radiologie ?
LUNDI 03 AVRIL 2023
Selon article publié dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), des chercheurs américains ont tenté de comprendre les raisons qui mènent à des erreurs de diagnostic en neuroradiologie. Les résultats de ce travail objectivent des erreurs associées à des temps d'interprétation plus longs, à des volumes de travail plus élevés et à une interprétation le week-end.

L’erreur médicale est la troisième cause de mortalité aux États-Unis, avec environ 250 000 décès par an. Les taux d'erreurs majeures signalées en radiologie varient de 2 à 6 %, sans évolution majeure depuis longtemps.
Des erreurs en neuroradiologie diagnostique et thérapeutique dues à des facteurs individuels et organisationnels
Mais selon certains observateurs, une augmentation potentielle des taux d'erreur pourrait survenir dans un futur proche compte tenu de la charge de travail croissante des radiologues. Des études qualitatives ont décrit notamment des angles morts et des schémas d'erreur courants en neuroradiologie diagnostique et thérapeutique, en imagerie de la tête et du cou et de la base du crâne. Des études à grande échelle sur les examens de neuroradiologie utilisant des analyses multivariées des facteurs de risques d'erreur diagnostique font actuellement défaut. L'identification de facteurs de risque spécifiques pourrait potentiellement conduire à des interventions correctives tant au niveau du radiologue (individuel) qu'au niveau de l’organisation (système).
C’est la raison pour laquelle des chercheurs américains ont entrepris une étude, publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR) dont le but de cette étude était d'évaluer des relations de cause à effet entre le temps d'interprétation de l'examen, le volume des vacations de radiologues, l’environnement de soins, le jour de la semaine et la participation des internes et les erreurs de diagnostic commises par les neuroradiologues d'un grand centre médical universitaire. Ce travail rétrospectif piloté par le Dr Vladimir Ivanovic, du Collège médical du Wisconsin, a utilisé la base de données d'assurance qualité en neuroradiologie de ce centre médical universitaire de soins tertiaires pour évaluer les examens de tomodensitométrie (TDM) et d’IRM de janvier 2014 à mars 2020 pour lesquels les neuroradiologues avaient attribué des scores RADPEER, le référentiel d'évaluation de l'American College of Radiology.
Temps d’interprétation, volume de travail et vacations de weekend sont mis en cause
Des recherches dans la base de données ont été effectuées pour les examens sans (score RADPEER 1) et avec (scores RADPEER 2a, 2b, 3a, 3b ou 4) erreur de diagnostic. Pour chaque examen avec erreur, deux examens sans erreur ont été choisis au hasard par radiologue interprète et par type d'examen, pour former respectivement des groupes de cas et de contrôle. Les auteurs de cette étude ont ensuite utilisé des modèles pour évaluer les associations d'erreur de diagnostic avec le temps d'interprétation (temps passé depuis la fin du compte rendu précédent), le volume de travail (examens interprétés durant la vacation), le cadre d'urgence/hospitalisation, l'interprétation le week-end et la participation des internes à l'interprétation.
Notant que les résultats obtenus doivent être pris en compte lors de la conception de plannings de travail afin de réduire ces erreurs d'interprétation, le Dr Ivanovic a précisé que « les facteurs de risque d'erreur de diagnostic identifiés en neuroradiologie pourraient être utilisés pour guider les interventions ciblées d'amélioration de la qualité ». Car en effet, l'erreur de diagnostic des examens de neuroradiologie était indépendamment associée à un temps d'interprétation plus long (OR = 1,18), à un volume de travail plus élevé (OR = 1,27) et à une interprétation réalisée le week-end (OR = 1,69). L'erreur de diagnostic n'était pas associée au milieu d'urgence/hospitalisé ou à la participation des internes.
Bruno Benque avec AJR