La radiothérapie et la médecine nucléaires, bons élèves en matière de radioprotection en 2021
MERCREDI 25 MAI 2022
Dans son rapport annuel sur la sureté nucléaire et la radioprotection en France en 2021, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) a salué la bonne tenue du secteur sanitaire dans le suivi des dispositions législatives. Si la radiothérapie et la médecine nucléaire restent les bons élèves en matière de prévention du risque ionisant, la scanographie présente des écarts dans la justification des examens, tandis que la radiologie interventionnelle doit mettre les bouchées doubles pour se conformer aux règles techniques des locaux et pour acculturer les acteurs du bloc opératoire.

L’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) a publié, le 17 mai 2022, son rapport annuel sur la sureté nucléaire et la radioprotection en France.
Sur la base des inspections conduites en 2021, et malgré l’impact de la pandémie de Covid‐19 sur le fonctionnement des services de santé, l’Autorité remarque que l’état de la radioprotection dans le domaine médical est comparable à celui des années 2019 et 2020, traduisant le fait que les services ont su s’adapter et maintenir un bon niveau de radioprotection, sans défaillance majeure à signaler. Elle détaille, dans ce rapport, les points de satisfaction et les objectifs d’amélioration à suivre dans chaque spécialité radiologique médicale.
La radiothérapie et la médecine nucléaire toujours parmi les bons élèves
En radiothérapie tout d’abord, les inspections réalisées par l’ASN en 2021 mettent en évidence une organisation de la physique médicale, des contrôles des équipements, une formation à la radioprotection des patients, un déploiement des démarches d’assurance de la qualité́, un recueil et une analyse des événements et une élaboration des analyses de risque a priori tout à fait pertinents et en faveur d’une sécurité optimale. Toutefois, l’évaluation de l’efficacité des actions correctives peine à se généraliser et les analyses de risque a priori demeurent toujours relativement incomplètes. D’autre part, la survenue d’événements, tels que des erreurs de côté ou d’identification de patient, révèle toujours des fragilités organisationnelles.
En curiethérapie ensuite, la radioprotection des professionnels et la gestion des sources scellées de haute activité́ sont jugées satisfaisantes par l’ASN, qui constate que les nouvelles exigences relatives à la sécurisation des accès aux sources de haute activité́ se déploient progressivement, en particulier s’agissant des mesures permettant d’empêcher l’accès non autorisé à ces sources. Les événements déclarés soulignent l’importance des systèmes d’enregistrement des événements pour repérer au plus tôt les dysfonctionnements, la nécessité́ d’évaluer les risques en situation dégradée (insuffisance des effectifs) et de formaliser et enregistrer les contrôles de qualité́ des appareils.
Le secteur de la médecine nucléaire nécessite quant à lui des améliorations dans la gestion des effluents, pour maîtriser les rejets dans les réseaux d’assainissement, et dans la formation des professionnels. L’investissement important des services dans le déploiement des systèmes de management de la qualité est salué, de même que la bonne culture de déclaration des événements indésirables dans la majorité d’entre eux. Les événements déclarés soulignent toutefois que le processus d’administration des médicaments doit être régulièrement évalue, en particulier pour les actes thérapeutiques.
Des écarts constatés en scanographie et en radiologie interventionnelle
En scanographie, les inspecteurs ont objectivé un manque de traçabilité́ de la justification des examens et des difficultés pour les professionnels à la mettre en œuvre. Le manque de formation des médecins prescripteurs et l’absence de protocoles de justification des actes les plus courants expliquent pour partie le fait que ce principe de justification ne soit pas toujours respecté. Mais d’un autre côté les protocoles d’examen sont optimisés, les contrôles de qualité des dispositifs médicaux sont réalisés à la fréquence réglementaire requise et les moyens en physique médicale sont adaptés aux tâches à réaliser.
Mais c’est dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées que des écarts sont le plus souvent constatés, notamment des retards dans la mise en conformité des locaux pour satisfaire aux règles techniques de conception, et plus particulièrement dans les blocs opératoires. L’ASN a mis en lumière des défauts de formation à la radioprotection des travailleurs et des patients, des manques dans les mesures de prévention lors de coactivité́, en particulier avec les praticiens libéraux, de même que des non-conformités liées au non‐respect des fréquences des vérifications techniques de radioprotection, mais qui ont été difficiles à tenir dans le contexte de la pandémie de Covid‐ 19. Si le recours aux physiciens médicaux et la formalisation des plans d’organisation de la physique médicale semblent se déployer, la mise en œuvre de la démarche d’optimisation doit progresser, en particulier dans les blocs opératoires.
Un travail important de sensibilisation de l’ensemble des professionnels médicaux et paramédicaux des établissements reste nécessaire pour une meilleure perception des enjeux et une acculturation pour les intervenants au bloc opératoire notamment.
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Bruno Benque avec ASN