Controverse sur les usages du scanner double énergie
LUNDI 20 NOVEMBRE 2017
Une controverse sur les usages du scanner en double énergie opposera le Pr G.Ferretti et le Pr M-P. Revel lors du prochain Symposium Scanner volumique. Nous avons rencontré cette dernière pour un entretien où elle fait le point sur les avantages et les inconvénients de cette technologie.

Le Pr Marie-Pierre Revel fera partie des orateurs du VIIIème Symposium Scanner volumique qui se tiendra les 29 et 30 janvier 2018 au Centre de congrès Prouvé de Nancy.
Controverse sur les usages de la double énergie
Le Pr Revel est radiologue spécialisée en imagerie thoracique, PU-PH à l'Université de Paris Descartes et exerce à l'hôpital Cochin, un établissement à forte activité de chirurgie thoracique, et avec 80 lits de pneumologie médicale. "Ce n'est pas la première fois que je m'exprime à l'occasion du Symposium Scanner volumique, précise-t-elle. J'avais notamment réalisé un sujet sur l'embolie pulmonaire lors de la grossesse et sur les stratégies d'utilisation du scanner dans ce cas." Cette année, elle a été sollicitée par le Pr Alain Blum, l'organisateur principal de cet événement avec le Dr Marc Zins, pour participer à une controverse sur les usages de la double énergie dans les cas d'Embolie Pulmonaire (EP).
Une sensibilité accrue pour l'évaluation de la perfusion pulmonaire
Le scanner en double énergie consiste à appliquer deux niveaux de kilovoltage au rayon incident pour une acquisition scanner. Lors d'une exploration pulmonaire, elle permet d'améliorer le contraste après injection afin d'évaluer plus précisément la quantité d'iode présente dans les vaisseaux ainsi que sa distribution. "Les avantages de la double énergie dans l'exploration d'une EP sont pluriels, poursuit-elle. Il s'agit tout d'abord d'obtenir une bonne opacification des artères pulmonaires et de mettre en évidence de façon plus sensible les éventuels défauts de perfusion en distalité, dans le parenchyme. Elle permet ainsi d'évaluer avec plus de précision l'étendue des conséquences que l'EP peut avoir dans la fonction pulmonaire. Mais elle est également utile pour la reconstruction des images, qui peut se faire de manière plus souple si le contraste n'est pas satisfaisant. En jouant sur les différentes énergies, on peut obtenir des reconstructions tout à fait pertinentes."
Un examen plus irradiant malgré les progrès technologiques
Mais il y a aussi des inconvénients à la DE, en premier lieu l'irradiation du patient. "Même si les progrès technologiques ont permis de réduire significativement l'exposition des patients lors d'un examen scanner, la DE se montre toujours plus irradiante que la technique classique d'acquisition, ajoute le Pr Revel. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne l'utilise pas en systématique dans ma pratique." Les situations favorables à l'adoption de cette technologie sont, pour elle, les cas d'EP chronique qui retentissent sur la fonction cardiaque droite notamment. Les patients doivent, dans ce cas, faire l'objet d'un bilan précis en vue d'une chirurgie. Elle met en œuvre la double énergie également lorsqu'elle doit explorer un patient présentant une hypertension pulmonaire sans cause définie, d'origine familiale ou toxique, ou lorsque le contraste est insuffisant.
La DE est traitée en abondance aujourd'hui dans la littérature scientifique. Elle apporte des informations qui n'étaient pas accessibles auparavant et de nombreuses applications peuvent en être faites dans l'exploration du poumon. "Cette technologie est intéressante lorsque l'on souhaite sélectionner les images qui dépendent de l'iode ou de l'eau, conclut-elle. Ses usages peuvent s’étendre à l’étude de la vascularisation des tumeurs."
Elle aura l'occasion de développer l'ensemble des ces pratiques prochainement à Nancy. Mais alors, s'exprimera-t-elle pour ou contre la DE, lors de la controverse qui l'opposera au Pr Gilbert Ferretti au cours du Symposium Scanner volumique ? Réponse le 30 janvier 2018.
Propos recueillis par Bruno Benque