Pr Jean-Michel Bartoli: Nous avons besoin du retour des patients pour améliorer nos pratiques
LUNDI 04 SEPTEMBRE 2017
Le Pr Jean-Michel Bartoli sera le Président des Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2017. À quelques semaines du congrès (13-16 octobre 2017), il nous a accordé une longue interview dans laquelle il détaille les thématiques phares qui y seront développées. Premier volet de la série, le radiologue et son patient.

Thema Radiologie: Vous allez assurer cette année la Présidence des Journées Francophones de Radiologie (JFR). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Pr Jean-Michel Bartoli: C’est une immense fierté pour moi d’avoir été désigné comme le Président des JFR 2017. La société Française de Radiologie a estimé que je pouvais apporter quelque chose à ce congrès et cela est très valorisant. Cela représente également beaucoup de travail, car je n’ai pas envie de décevoir mes confrères, les industriels qui nous font confiance et tous les professionnels de la radiologie au sens large du terme qui participeront à ce congrès.
”Le plus important n’est pas l’acte technique, mais le patient qui est derrière”
T.R.: Le choix des thèmes principaux de la session 2017 n’est pas anodin pour vous ?
Pr J-M. B.: Effectivement, ces thèmes vont insuffler un état d’esprit qui correspond tout à fait à ce que je suis. Mais ils sont également le fruit d'un un travail collégial. Les gens ne se rendent pas compte de l’énorme machine que représentent les JFR. Rien n’est fait au hasard et l’équipe organisatrice et les sous-traitants sont très nombreux à travailler sur ce projet. J’ai organisé beaucoup de congrès depuis de nombreuses années, mais là, on passe à un autre niveau. Je me suis beaucoup investi sur tout le processus d’organisation et j’espère y avoir apporté mon expertise afin qu’il débouche sur une réussite.
T.R.: Le thème principal de la session plénière est le patient et son radiologue. C’est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur ?
Pr J-M.B.: Ce n’est pas innocent en effet. Nous produisons beaucoup d’images, réalisons beaucoup d’actes en diagnostic, en interventionnel, sur toutes sortes de machines utilisant des technologies différentes, mais le plus important n’est pas l’acte technique mais le patient qui est derrière. Et les industriels l’ont d’ailleurs bien compris, puisqu’ils prennent de plus en plus en compte l’avis des patients lorsqu’ils développent de nouvelles modalités, de même que les manipulateurs. Le message que nous leur avons fait passer, et à partir duquel ils ont travaillé pour proposer des présentations, est que le patient a le plus d’importance, les images et leur diffusion passant au second plan, et que tous les corps de métiers qui gravitent autour de la radiologie sont tous impliqués dans ce processus. Nous avons fait ce choix par rapport à d’autres sujets plus scientifiques, parce que nous estimons que la relation avec le patient est essentielle, de même que les activités relatives à l’annonce, au parcours du patient, au diagnostic précoce, au suivi des traitements, entre autres.
”Il est rare que des organisateurs de congrès scientifiques sollicitent les représentants de patients”
T.R.: Les associations de patients seront-elles partie prenante du congrès ?
Pr J-M.B.: Tout à fait, nous avons d’ailleurs travaillé avec certaines d’entre elles lors de la préparation du congrès et nous leur proposerons deux parcours par jour de congrès, qui seront spécifiques et en lien avec les pathologies que chacune d’elles représentent. Nous les avons sollicitées pour leur expliquer à quoi peuvent correspondre chacun des nombreux passages en radiologie que les parcours de soins engendrent. Les responsables de ces associations se sont d’ailleurs montrés assez surpris, car il est rare que des organisateurs de congrès scientifiques les sollicitent pour leur demander leurs attentes et leurs besoins. Cela va déboucher, je crois, sur des session assez originales, comme par exemple ce que les radiologues ne devrait jamais dire aux patients et ce qu’ils devraient toujours dire. Le but ultime de tout cela est d'améliorer nos pratiques, évidemment.
T.R.: N’avez-vous pas peur que le niveau scientifique soit trop haut pour les représentants des patients, ou inversement, que le niveau scientifique du congrès baisse du fait de leur présence ?
Pr J-M.B.: Mais il ne s’agit pas de leur apprendre la radiologie, mais alors pas du tout ! Il s’agit plutôt que les radiologues puissent avoir un retour des patients en direct, afin qu’ils améliorent leur prise en charge. Pour les industriels également, les parcours que nous avons préparés permettront de favoriser les échanges de points de vue sur les machines existantes et à venir. Le problème de ce genre de manifestation est que nous sommes ensemble entre spécialistes et nous n’avons pas suffisamment de retours des principaux intéressés. La présence des représentants des patients aux JFR cette année sera, à cet égard, bénéfique aussi bien pour eux que pour nous.
À suivre…
Propos recueillis par Bruno Benque