L'impact d'un stress post-traumatique étudié par IRM
JEUDI 17 MARS 2016
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Radiology, l’IRM montre des différences surprenantes dans la structure du cerveau chez les survivants de tremblement de terre qu’ils aient manifesté ou non un état de stress post-traumatique (PTSD).

Selon l'Institut National de la Santé Mentale, 6.8% des américains connaîtront un état de stress post-traumatique (PTSD) dans leur vie. Les symptômes peuvent inclure des souvenirs forts et indésirables de l'événement, des troubles du sommeil, une instabilité émotionnelle ou des stratégies d’évitement pour fuir les pensées et les situations qui rappellent le traumatisme.
Étudier les changements structurels du cerveau dus aux traumatismes
Pour une étude parue dans le journal Radiology, les chercheurs ont examiné les modifications cérébrales liées à l'émergence d’un PTSD. Ils ont observé la relation entre les changements structurels du cerveau et le temps écoulé depuis le traumatisme. A partir d'une enquête à grande échelle sur 4.200 survivants de séisme, les patients ont été choisi selon les critères suivants : une exposition directe à la destruction massive, une blessure survenue lors du séisme et le décès d’un proche suite au tremblement de terre.
“Il est important de comparer les patients atteints d’un PTSD avec des personnes stressées afin d'en apprendre davantage sur les altérations cérébrales directement liés au stress post-traumatique qui vont en général au-delà d’une simple réaction de stress”, a déclaré l'auteur principal de l'étude, le Dr Qiyong Gong du Centre de recherche Huaxi de l'Université du Sichuan à Chengdu en Chine.
Les patients ont d'abord été évalués selon le questionnaire de dépistage d’un PTSD (CAPS). L’entretien clinique a été mené par des psychologues spécialistes des événements traumatisants. Les patients ayant obtenu un score au CAPS supérieur à 50 ont été de nouveau évalués par un psychiatre afin de déterminer la présence ou l'absence d’un état de stress post-traumatique ou d'autres troubles psychiatriques. Au final, l'étude a porté sur 67 patients atteints d’un PTSD et un groupe témoin de 78 survivants en bonne santé. Tous les participants ont subi une IRM à 3 Tesla.
Des différences d’épaisseur corticale à l’IRM
Les résultats ont révélé que les patients atteints d’un PTSD avaient une plus grande épaisseur corticale dans certaines régions du cerveau et un volume réduit dans d'autres par rapport aux survivants de tremblement de terre en bonne santé. La gravité du PTSD a été positivement corrélée avec l'épaisseur corticale du précuneus gauche du cerveau. “Nos résultats indiquent que les patients atteints d’un PTSD affichent des modifications à la fois dans la substance grise et dans la substance blanche du cerveau en comparaison avec d'autres personnes ayant subi un traumatisme similaire au tremblement de terre, a déclaré le Dr Gong. Il est important de noter que dès le début du PTSD, les changements de la matière grise se font sous la forme d'une augmentation de l'épaisseur corticale et non d’une diminution, par opposition à la plupart des observations d'autres études du PTSD. Cela pourrait résulter d'une neuro-inflammation ou d’un autre processus qui pourrait être lié à des changements endocriniens ou à une compensation fonctionnelle”.
La Dr. Gong a ajouté que le précuneus gauche est bien connu pour être impliqué dans le traitement visuel et qu’il est plus actif chez les patients atteints d’un PTSD lorsque ils se remémorent l’événement traumatique. “Il est possible que les changements dans les précuneus engagent une altération neuronale liée aux symptômes de flashback visuels”, a-t-il conclu. Selon les chercheurs, les résultats de l'étude ont une valeur clinique potentielle importante pour l'identification des personnes qui sont susceptibles de développer un état de stress post-traumatique après avoir été confronté à un événement dévastateur.
Pauline Mayol