Un protocole européen d'angioscanner post-mortem en cours de validation
MERCREDI 09 OCTOBRE 2013
Lors du troisième Congrès Francophone sur l'Autopsie Virtuelle (Virtopsie), qui s'est tenu à Marseille le 4 octobre 2013, une intervention remarquée du Dr Silke Grabherr, spécialiste mondialement reconnue de la discipline, a présenté un protocole d'angioscanner post-mortem recréant les conditions de la circulation in-vivo. Une étude multicentrique européenne est en cours, afin de valider les apports de cette technique dans les investigations de médecine légale classiques.

Les techniques de l'Autopsie Virtuelle se perfectionnent, permettant de donner des compléments d'information de plus en plus fiables aux médecins légistes. Après plus de dix ans d'essais sur des cadavres animaux, puis humains, le Dr Silke Grabherr, avec son équipe de l'Université de Lausanne, a mis en place une procédure d'angioscanner (angioTDM) post-mortem permettant de visualiser, en routine, l'ensemble de la vascularisation artérielle et veineuse des corps qui lui sont confiés. Il s'agit de recueillir des informations, sur des groupes de cas médico-légaux tels que les cas de mort subite d'origine cardiaque, la thrombose coronarienne ou les cas d'issue fatale après une intervention chirurgicale.
Un produit de contraste lipidique et une CEC
Le Dr Grabherr a dû faire face à de nombreuses contraintes. Tout d'abord, les produits de contraste hydrosolubles créaient des oedèmes et des artéfacts par extravasation. L'utilisation d'un mélange de contraste lipidique à de la paraffine liquide, appelé Angiofil® , a permis de remédier à ce problème et d'obtenir une opacification sélective des structures vasculaires. Ensuite, il a fallu recréer les conditions d'une pression artérielle afin de relever la densité des artères distales et le parenchyme. Elle a, pour se faire, mis au point une pompe de circulation extracorporelle (CEC) pour rendre possible des angiographies dynamiques.
Reproduire les conditions in-vivo
En pratique, l'angioTDM post-mortem est réalisée par ponction de l'artère et de la veine fémorales. Après un prélèvement sanguin à visée toxicologique, trois acquisitions sont réalisées, la première sans injection, la suivante injectée représentant la phase artérielle, et la dernière pour une phase dynamique reproduisant les conditions in-vivo. Au total, ce sont quelques trois litres de produit de contraste qui sont injectés, l'état du patient permettant évidemment de ne pas avoir de limite, ni de volume injecté, ni de dosimétrie.
Une étude multicentrique européenne
Ce protocole, appelé MPMCTA (Multi-Phase Post-mortem Computed Tomography Angiography), fait désormais partie d'une étude multicentrique européenne, afin d'en valider la cohérence et les apports pour la médecine légale. Dans chaque centre, une équipe composée d'un radiologue, d'un médecin légiste et d'un « manipulateur forensique » ayant reçu une formation spécifique, est dédiée, et les résultats sont comparés à une autopsie classique. Le Dr Grabherr publiera prochainement les premières analyses de cette étude et la technique est déjà l'objet de quelques ajustements, sur lesquels un groupe de travail a été constitué, afin de l'adapter aux investigations concernant les extrémités des membres ou celles menées sur des enfants.
Bruno Benque