Une feuille de route pour une recherche internationale sur la rétention de gadolinium
MERCREDI 12 SEPTEMBRE 2018
La revue Radiology publie, ce 12 septembre 2018, la feuille de route du groupe de recherche international sur la sécurité et les vigilances concernant les produits de contraste à base de Gadolinium. Obtenir des informations cliniques précises, déterminer si la rétention affecte réellement les tissus et normaliser les méthodes de mesure sont parmi les axes de travail retenus.

En février 2018, un atelier, coparrainé par les NIH, la Radiological Society of North America (RSNA) et l'American College of Radiology (ACR), s'est tenu au National Institutes of Health (NIH) à Bethesda (Maryland) pour étudier les actions à mener en termes de sécurité et de rétention des produits de contraste à base de gadolinium (GBCA).
Aucune preuve scientifique que le gadolinium retenu est nocif
Depuis l'autorisation initiale d'utilisation en 1988, plus de 450 millions de doses intraveineuses de GBCA ont été administrées dans le monde entier. Bien que les GBCA soient considérés comme sûrs, certains types de GBCA ont été associés à une affection rare appelée fibrose systémique néphrogénique, qui survient principalement chez les patients atteints d'une maladie rénale avancée. Plus récemment, des preuves de plus en plus nombreuses ont démontré une rétention à long terme du gadolinium dans les tissus humains après une exposition au GBCA. Cependant, il n'existe actuellement aucune preuve scientifique indiquant que le gadolinium retenu est nocif. De plus, il n'existe aucune association scientifique prouvée entre une gamme de symptômes rapportés par les patients et une exposition au GBCA.
Promouvoir une recherche collaborative globale pour obtenir une réponse clinique
Les organisateurs de l'atelier ont invité un groupe international d'experts, chercheurs, fabricants de GBCA et représentants de la FDA, à discuter de la littérature actuelle, à identifier les lacunes dans les connaissances, à hiérarchiser les futures initiatives de recherche et à promouvoir les études collaboratives normalisées. "Nous espérons que cette feuille de route pourra servir à promouvoir une recherche collaborative globale qui puisse aborder efficacement les questions importantes sur la signification clinique de la rétention de gadolinium chez les patients explorés par IRM injecté", a déclaré le Dr Herbert Y. Kressel, professeur de radiologie à la Harvard Medical School à Boston, ancien rédacteur en chef de Radiology et co-auteur du rapport.
Déterminer si la rétention de gadolinium affecte la fonction des tissus humains
"Malgré le haut niveau d’intérêt pour la rétention de gadolinium observé dans le cerveau des patients recevant des GBCA, j’ai noté la nécessité d’un programme de recherche plus complet et coordonné pour les nombreuses questions sans réponse concernant la rétention du gadolinium et sa signification clinique", poursuit le Dr Kressel. Les plus grandes priorités dans la recherche sur le GBCA sont de déterminer si la rétention de gadolinium affecte négativement la fonction des tissus humains, si les populations vulnérables sont plus à risque et si la rétention est causalement associée à des manifestations cliniques à court ou à long terme. "L’atelier a permis d’identifier les lacunes à combler pour comprendre la signification clinique des augmentations du signal observées dans le cerveau des patients recevant ces solutés, ainsi que celles dues à la rétention du gadolinium dans les os, la peau et le foie quand d'autres parties du cerveau qui ne démontrent pas d'élévation d'intensité du signal sur l'IRM, ajoute le Dr Kressel. Comprendre les changements biologiques dus à ces phénomènes est essentiel pour déterminer la signification clinique, le cas échéant, de la rétention du gadolinium."
Normaliser et valider des méthodes de mesure spécifiques au gadolinium
L'atelier a également été utile pour souligner la nécessité d'identifier spécifiquement les populations potentiellement vulnérables de patients susceptibles de libérer des composés à base de gadolinium stockés à long terme, par exemple dans les os. Il s'agit notamment des femmes ménopausées, des femmes enceintes ou allaitantes, des fœtus et des jeunes enfants présentant des os et autres organes en développement continu, ainsi que les patients souffrant de maladies chroniques sujets à de nombreux d'examens IRM injectés. La feuille de route met en lumière les lacunes dans la recherche sur la GBCA, propose des méthodes pour combler ces lacunes et identifie la faisabilité et les limites de chaque approche en évaluant les niveaux de priorité. La normalisation et la validation des méthodes de mesure des tissus et des procédures d’assurance qualité relatives au gadolinium et au GBCA sont essentielles à ces efforts.
Les auteurs soulignent également la nécessité d'étudier les bases de données sur les grandes populations existantes, telles que la Mayo Clinic Study of Aging, avec un grand nombre de patients qui subissent des examens d'IRM injectés. Selon le Dr Kressel, l'analyse de ces types de bases de données peut aider à identifier des pôles d'intérêt spécifiques qui pourraient être abordés dans des études prospectives contrôlées.
Thema radiologie avec RSNA