Partenariat SFR - CNES : de nombreuses synergies possibles
MERCREDI 07 OCTOBRE 2020 Soyez le premier à réagirLa session Antoine Béclère des JFR 2020 a vu la SFR et le CNES signer un protocole de partenariat dont l’objectif est de créer une synergie pouvant aboutir à des innovations opérationnelles. L’étude du vieillissement accéléré des astronautes ou la formation des astronautes au diagnostic et à l’interventionnel font partie des axes de travail qui ont été proposés.
Lorsque le Pr Alain Luciani a présenté avec conviction, dans nos colonnes en préambule aux JFR 2020, la session Antoine Béclère du 4 octobre 2020 que lui et le Comité d’organisation avaient mis au point avec le Centre National d’Exploration Spatiale (CNES), nous étions un peu circonspects quant aux synergies qui pourraient exister entre ces deux domaines.
Surveiller la Santé des astronautes, notamment le vieillissement accéléré
Pourtant, la Société Française de Radiologie (SFR) et le CNES ont bel et bien signé un accord de partenariat afin de développer des solutions innovantes, tant pour les missions spatiales que pour les activités radiologiques terrestres. Le Directeur Général du CNES, Lionel Suchet, mettait à cette occasion l’accent sur le potentiel de l'imagerie diagnostique pour surveiller la santé des astronautes pendant les missions. « La priorité est de remettre les équipages en bonne santé après une mission, a-t-il précisé. Ce partenariat a également pour but de développer la médecine opérationnelle à bord de la station spatiale et d'exploiter l'imagerie à plus long terme pour la recherche. La microgravité présente dans les stations spatiales en fait non seulement des laboratoires scientifiques, mais également des outils de recherche médicale pour explorer ses effets sur le corps humain. »
Pour la SFR, ce partenariat sera un moyen de bénéficier des connaissances acquises par les astronautes, notamment sur le processus de vieillissement accéléré chez les astronautes. Les données recueillies pourraient être appliquées aux patients sur Terre, aidant les radiologues à comprendre l'évolution de la perte de masse musculaire, ou l'ostéoporose, marqueurs de la fragilité des patients âgés ou sous traitement lourd.
Perfectionner les outils d’imagerie médicale embarqués dans l’Espace
Le second fait marquant de cette session fut assurément l’intervention du Pr Claudie Haigneré, médecin et astronaute qui, à travers un film, a expliqué comment l'imagerie peut démontrer l'impact de la microgravité sur des organes aussi importants que le cœur, le cerveau ou les yeux. « Si de telles transformations peuvent faire l’objet de signes radiologiques et d’un suivi, alors elles peuvent également être prédites, a-t-elle expliqué. Ensemble, nous devons travailler et perfectionner les outils d'imagerie qui nous accompagneront dans l’espace. L'exploration spatiale est une coopération internationale. Que ce soit avec la SFR ou des industriels européens qui apporteront une nouvelle méthodologie d'imagerie, l'Europe doit faire entendre sa voix. Parce que c'est une belle aventure, l'aventure de demain. »
Former les astronautes au diagnostic et aux gestes interventionnels
La SFR s’est engagée, d’autre part, à former les astronautes afin qu’ils soient plus autonomes dans l’imagerie diagnostique qu’ils sont susceptibles de mettre en œuvre lors de leurs missions. Depuis la station spatiale internationale, ils peuvent être assistés par des moyens sophistiqués de télé-imagerie, ce qui peut s’avérer très compliqué pour des voyages plus lointains. C’est la raison pour laquelle la SFR participera à la formation des astronautes, notamment pour l'interprétation des images radiologiques, les processus de gestion d'images ou la radiologie interventionnelle. « Je crois que la radiologie interventionnelle thérapeutique aura une importance majeure, notamment sur de longues missions, a ajouté le Pr Alain Luciani. Si un geste thérapeutique est nécessaire dans l’Espace, la radiologie interventionnelle mini-invasive sera certainement la clé. Il faudra pour cela rendre les modalités d’imagerie aussi petites que possible pour les intégrer aux missions spatiales. »
Et pour aller plus loin, et comme nous l’avait annoncé le Pr Luciani lors d’une précédente interview, le partenariat SFR – CNES pourrait s’étendre vers des techniques de réduction du bruit qui seraient appliquées à la radiologie, de même que l’IA des images satellites de la Terre pour comprendre les phénomènes liés au changement climatique qui seraient utiles à l'analyse avancée des images médicales.
La Conférence Antoine Béclère est disponible sur le site des JFR.plus pour les personnes inscrites au congrès.
Bruno Benque