Les radiopédiatres jouent la carte de la pluridisciplinarité
MARDI 16 AOûT 2016 Soyez le premier à réagirEn amont du prochain congrès de la Société Francophone d'Imagerie Pédiatrique et Prénatale (SFIPP), qui se tiendra les 23 et 24 septembre 2016 à Toulouse, la Secrétaire générale, le Dr Chantal Durand, nous a accordé une interview. Elle nous présente, entre autre, la table ronde qui sera organisée à cette occasion, sur le thème de la prise en charge pluridisciplinaire des malformations pulmonaires et évoque les contraintes actuelles de la radiopédiatrie.
Thema Radiologie: En tant que Secrétaire générale de la SFIPP, pouvez-vous nous dire quelles sont les valeurs défendues par cette société ?
Dr Chantal Durand: La SFIPP a pour objectif de promouvoir la radiologie pédiatrique et l’imagerie prénatale, de former
les jeunes radiologues (DIU d’imagerie pédiatrique), de participer à la formation continue des praticiens à travers de nombreux enseignements post-universitaires ou d’optimiser l’utilisation des techniques non irradiantes (échographie, IRM). Le congrès annuel de la SFIPP permet de réunir les spécialistes francophones de l'imagerie de l'enfant, depuis le fœtus jusqu'au jeune adulte. C'est un lieu d’échanges sur les nouveautés et les progrès de notre discipline. A ce titre, le congrès de la SFIPP est un temps fort de l'année, chaque session se déroulant dans une ville différente. Nice l'année dernière, Toulouse en septembre prochain et Liège en 2017.
L'importance d'une prise en charge pluridisciplinaire
T. R.: Pouvez-vous nous tracer les contours de votre activité hospitalière ?
Dr C.D.: Je suis donc radiopédiatre, Praticien hospitalier et responsable de l'Unité d’imagerie pédiatrique du CHU de Grenoble. Notre activité n'est pas aussi spécialisée que dans des centres comme Paris, Marseille ou Lyon, mais nous couvrons l'ensemble des besoins de notre bassin de population. Nous avons développé des programmes d'IRM anténatale et sommes spécialisés en oncologie ou pour l'exploration des malformations pulmonaires. Un autre élément phare de notre activité est la prise en charge de l'arthrogrypose, une pathologie neuro-musculaire congénitale non-évolutive qui provoque des raideurs articulaires et une réduction de l'amplitude des mouvements des enfants.
T.R.: Comment abordez-vous cette prise en charge au CHU de Grenoble ?
Dr C.D.: Nous sommes centre de référence sur ce thème, qui rassemble des généticiens, orthopédistes, médecins de réadaptation pédiatrique, ergothérapeutes, psychologues et radiologues autour de patients atteints de cette affection afin de réaliser un bilan, un conseil génétique et de donner des recommandations sur la prise en charge de la maladie. Pour notre part, nous essayons de définir des entités cliniques et radiologiques et nous réalisons des IRM musculaires. En prénatal, nous travaillons avec un Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal (CPDPN), dans lequel on trouve des généticiens, des néo-natologues, des gynécologues-obstétriciens, des échographistes référents entre autres. Cela montre l'importance de la prise en charge pluridisciplinaire en pédiatrie. Nous réalisons dans ce cadre des IRM fœtales et des scanners des fœtus.
T.R.: Vous allez intervenir, lors du prochain congrès de la SFIPP, dans une table ronde le 24 septembre. Quel en sera le thème ?
Dr C.D.: Cette table ronde réunira des cliniciens, des radiopédiatres, des chirurgiens et des anatomo-pathologistes et permettra d'actualiser les connaissances dans le domaine des malformations pulmonaires. Le diagnostic est évoqué généralement lors de l'échographie de dépistage du deuxième trimestre de grossesse. Nous allons discuter de la prise en charge de ces malformations, suivant l'évaluation de leur gravité. Certaines, en effet, dans 10% à 15% des cas, peuvent entraîner des détresses respiratoires à la naissance. Le bébé doit alors naître dans une maternité de niveau 3, qui comprend une réanimation néo-natale et des chirurgiens pédiatres. Nous allons débattre également de la pathogénie, des indications chirurgicales, de l'éventuelle pratique de l'IRM anténatale pour préciser le diagnostic, ainsi que de la place du scanner dans le bilan post natal.
La démographie des radiopédiatres doit progresser
T.R.: Pour finir, quelle est l'évolution du nombre de participants au congrès de la SFIPP ces dernières années ?
Dr C.D.: Cette année le congrès aura des séances communes avec la SFCP (Société Française de Chirurgie Pédiatrique) qui permettra trois séances pluridisciplinaires et un plus grand nombre de congressistes. Le nombre de participants est à mettre en parallèle avec la démographie des radiopédiatres dans l'espace francophone. La pratique de la radiopédiatrie est plus chronophage que la radiologie des adultes, en termes de temps, de personnel. Elle nécessite des moyens de contention, voire une sédation pour l’imagerie IRM, et plus rarement TDM. Elle est donc moins pratiquée dans le privé que dans les centres hospitaliers. Mais heureusement, les adhérents à la SFIPP n'évoluent pas tous dans le public, loin de là. Nous avons d'ailleurs plus que jamais besoin du secteur extra hospitalier pour assurer une continuité de prise en charge radiologique des enfants sur l’ensemble du territoire...
Les inscriptions au congrès de la SFIPP sont accessibles sur le lien suivant: www.sfip-radiopediatrie.org/
Bruno Benque