À quelques semaines du Congrès de la Société Francophone d'Imagerie Pédiatrique et Périnatale (SFIPP), nous avons rencontré le Dr Marion Lenoir, qui pratique l'échographie de contraste sur ses jeunes patients. Elle communiquera sur ce thème lors de cet événement.
Thema Radiologie: Quelle est votre activité au sein du CHU de Besançon ?
Dr Marion Lenoir: Mon activité se concentre sur la radiopédiatrie et l'imagerie prénatale, dans le service du Dr Philippe Manzoni, qui m’a accueilli en octobre 2013. Les services de radiologie du CHRU de BESANCON possèdent une grande expérience dans l'échographie de contraste puisque cette technique a été utilisée dès 2003 d’abord chez les adultes, avec une absence de toxicité du produit, puis chez les enfants et les nouveau-nés (environ 800 examens chez l’enfant). En pédiatrie, aucun produit de contraste échographique n’a d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) et leur utilisation implique de recueillir le consentement éclairé de la famille avant de réaliser l’examen. Cela est valable pour de nombreux médicaments utilisés en pédiatrie.
Des produits administrés par voie intraveineuse, intracavitaire ou orale
T.R.: Peut-on faire un rappel physique des effets du produit de contraste dans les images d'échographie ?
Dr M.L.: Il s'agit de microbulles, administrées par voie intraveineuse, intracavitaire ou orale. Elles sont constituées de gaz emprisonné dans une enveloppe biocompatible. En France, le produit disponible est constitué d’un gaz inerte d’hexafluorure de soufre entourée d’une membrane phospholipidique amorphe. Elles entrent en résonnance sous l’effet des ondes ultrasonores et ont un aspect très hyperéchogène. Les dimensions de ces microbulles sont de 2.5 à 11 µm. Elles franchissent la barrière capillaire pulmonaire puis circulent dans la circulation systémique et sont éliminées par voie respiratoire. (presque 100% en 15 minutes). Le volume administré est faible et leur administration est bien tolérée et parfaitement indolore en pratique pédiatrique. Les seuls effets indésirables sévères sont des allergies potentielles aux matériaux constituant l'enveloppe.
T.R.: Quelles sont les applications, aujourd'hui, de l'échographie de contraste en pédiatrie ?
Dr M.L.: Elles sont potentiellement très nombreuses et peuvent permettre de se substituer à l'imagerie en coupe, qui nécessite souvent des volumes de produit de contraste importants (1 à 2 mL par kg en tomodensitométrie), et qui est irradiante pour le scanner ou nécessite une immobilisation de l'enfant pour l'IRM. Nous l'utilisons notamment pour évaluer la vascularisation des organes suite à un traumatisme à faible cinétique, pour des tumeurs solides traitées, pour caractériser des lésions focales hépatiques, pour étudier la vascularisation des organes en cas de suspicion de torsion (ovaire ou testicule) ou en ORL dans les cas de ganglions nécrosés mais également à la recherche de saignements secondaires à une effraction vasculaire (vessie, rein, organe traumatisé…). Une des plus-values de cet examen est l’analyse dynamique immédiate de la micro-vascularisation suite à l’injection.
Une alternative à la cystographie rétrograde
T.R.: Dans quels cas utilise-t-on cette technique avec administration intracavitaire de produit de contraste ?
Dr M.L.: Une des indications possibles et largement publiée est l'évaluation d'un reflux vésico-urétéral, en remplacement de la cystographie rétrograde. Le produit de contraste est administré de la même façon dans la vessie mais l'échographie peut donner dans ce cas des renseignements plus sensibles, notamment sur la présence du reflux dans les cavités rénales et en intraparenchymateux. Il y a ensuite des indications dans les pathologies urgentes, comme l'invagination intestinale pour laquelle l’avantage par rapport à l’utilisation de sérum salé est la visualisation du passage du produit de contraste à travers la valvule de Bauhin, objectivant l’inondation des dernières anses grêles.
T.R.: Vous allez participer, en tant qu'oratrice, au prochain Congrès de la SFIPP les 23 et 24 septembre prochains. Quels seront les thèmes abordés lors de votre présentation ?
Dr M.L.: Elle se fera en deux temps. Je ferai tout d'abord une partie didactique où je décrirai les protocoles de réalisation des échographies de contraste en pédiatrie et ferai quelques rappels des bases physiques. C'est ensuite le Dr Philippe Manzoni qui évoquera les différentes applications cliniques récentes.
De nombreuses études cliniques en cours d'évaluation
T.R.: Quelles sont les possibilités, à court terme, d'extension des applications de l'échographie de contraste ?
Dr M.L.: De nombreuses études cliniques sont en cours, notamment en oncologie, dans le cadre du suivi de la réponse aux traitements de chimiothérapie, ou pour guider des gestes tels que la radiofréquence. D'autres indications possibles sont l’étude du parenchyme cérébral du nouveau-né, ou en prénatal pour l'étude de la vascularisation du placenta. Sur ce dernier thème, il a été prouvé qu'il n'y a aucun passage de produit de contraste du placenta vers le fœtus.
Au final, je dois dire que cette technique prometteuse, permet de se substituer à des examen en coupe avec injection de produit de contraste comme le scanner et l’IRM et à certain examen avec opacification (lavement pour réduction d’invagination ou cystographie rétrograde) en réduisant les contraintes d’immobilisation, d’irradiation ou de toxicité des produits de contraste iodés ou gadolinés. Aux USA, la FDA a validé ce produit pour l’étude des lésions hépatiques en pédiatrie. De nombreux articles scientifiques en Europe et aux USA démontrent, de plus, l’intérêt de cette technique.
Une étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR) compare l’effet du gadopiclénol dosé à moitié avec la dose standard de gadolinium pour les examens d'IRM cérébrale pédiatrique. Les résultats confirment la qualité du rehaussement des images après injection de gadopiclénol.
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