Les apports de l'IRM 7T dans le suivi de la SEP
VENDREDI 12 AVRIL 2019 Soyez le premier à réagirSelon une étude parue dans la revue Radiology, le développement de lésions dans la substance grise corticale est un facteur prédictif d’incapacité neurologique chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP). Les chercheurs ont montré pour l'occasion le rôle de l'IRM à ultra-haut champ (7T) dans l'évaluation de la progression de la SEP.
La Sclérose En Plaques (SEP) était autrefois considérée comme une maladie de la substance blanche du cerveau, mais des recherches récentes ont montré que des lésions corticales, ou des lésions de la substance grise, difficiles à identifier à l'IRM classique, se développaient même plus tôt dans l’évolution de la maladie.
Des lésions corticales mieux identifiées avec l'IRM 7T
Dans le cadre d'une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, les chercheurs ont suivi les patients atteints de SEP IRM 7T. "Parce que l'IRM 7T est plus sensible aux lésions corticales que l'IRM à champ inférieur, nous pouvons détecter plusieurs de ces lésions et déterminer si elles étaient fortement corrélées avec l'invalidité neurologique et l'évolution de la maladie, déclare le Dr Caterina Mainero, du Massachusetts General Hospital à Boston, auteur principal de l'étude. Dans cette étude, nous voulions suivre l'évolution de ces lésions et mieux comprendre où elles se développent le plus fréquemment dans le cortex."
Deux fois plus de lésions liées à la SEP dans la région corticale
Le Dr Mainero et ses collègues ont suivi au fil du temps 20 patients atteints de sclérose en plaques progressive et récurrente, ainsi que 10 témoins sains de même âge. La SEP récurrente rémittente provoque des symptômes qui s'améliorent parfois, puis s'aggravent à nouveau, tandis que l'évolution progressive secondaire se caractérise par une invalidité plus importante. Vingt-cinq des patients atteints de sclérose en plaques, soit 80%, ont développé de nouvelles lésions corticales et l'IRM 7T les a détectées plus fréquemment que les études précédentes qui utilisaient l'IRM 3T. En moyenne, le nombre de lésions développées dans la région corticale était plus de deux fois supérieur au nombre de lésions développées dans la substance blanche du cerveau. Le volume total des lésions corticales était un facteur prédictif d'invalidité neurologique lors de l'évaluation initiale et de l'évaluation de suivi.
Les sillons cérébraux concentrent les lésions
Les acquisitions IRM 7T ont montré que les lésions corticales avaient tendance à s’accumuler dans les sillons cérébraux (sulci). "Nous avons montré que les sulci corticaux sont les régions où se développent la plupart de ces lésions, poursuit le Dr Mainero. Nous avons également constaté que ces lésions permettaient de mieux prédire la progression de l'invalidité que les lésions de la substance blanche, lésions typiques de la SEP que nous étudions depuis des années." Bien que cette accumulation de lésions dans les sulci ne soit pas encore expliquée, les chercheurs ont noté que le flux de liquide céphalo-rachidien y apparaissait affaibli, ce qui pourrait rendre les sulci plus vulnérables aux réponses inflammatoires.
De nouvelles stratégies de suivi potentiellement possibles pour les patients atteints de SEP
"Les résultats suggèrent que l'évaluation des lésions corticales devrait représenter un élément principal de l'évaluation de la progression de la charge de morbidité dans la SEP, remarque le Dr Mainero. Cela peut avoir un fort impact sur la manière dont nous surveillons les patients atteints de SEP. Nous pouvons également utiliser cet outil pour voir comment des traitements potentiels peuvent agir sur le développement et l'évolution des lésions corticales." Les chercheurs s'attachent désormais à reproduire leurs données dans des populations plus importantes. Ils espèrent également en savoir plus sur les patients qui ont tendance à accumuler plus de lésions et sur les facteurs pouvant expliquer la réponse inflammatoire. "Cette approche ajoute une autre pièce au puzzle de la compréhension de la SEP", conclut le Dr Mainero.
Bruno Benque avec RSNA